
Le terme sanskrit Darshana dérivé du verbe drish qui signifie « voir » ; veut dire « vision », « vue », « aspect ». Subtilement darsana veut dire « voir juste ».
Darshan exprime le concept de la « vision du Divin » ; « être en présence du Divin ».
Le Darshana désigne une école de pensée philosophico-religieuse, une doctrine du Salut.
(Darshana ne désigne pas des écoles philosophiques distinctes, mais les grands domaines de la spéculation philosophique et religieuse de l’Inde ancienne).
Dans les langues indiennes modernes, Darshana est employé pour désigner la pensée philosophique dans son ensemble.
L’ensemble des 6 points de vue doctrinaux orthodoxes de l’hindouisme s’appelle : saddarsana
Ils sont généralement groupés par 2, par affinité :
1/ Nyaya et Vaisesika :
– Nyaya (méthode, règle ou système), fondée par le brahmane Akshapada Gautama, se base sur la connaissance et utilise la raison aboutissant à des « conclusions correctes » qui permettent de développer d’autres connaissances.
Ce darshana propose 4 fondements de connaissance : l’observation, l’inférence (pensée allant du principe à la conclusion), l’assimilation par comparaison, le témoignage de l’autorité.
– Vaisesika (particulier, excellent), fondée par le Rishi Kanada, expose que le moksha (libération de l’âme) ne peut être atteint que par la connaissance des 6 principes suivants : substance, qualité, activité, généralité, particularité et inhérence (état de choses qui sont inséparables de par leur nature, et qui ne peuvent être disjointes que mentalement et par abstraction).
Le mot vaisheshika vient du mot vishesha qui signifie: « distinction », « particularité » ou « discriminatif », grâce auquel toute chose peut être analysé selon ces catégories.
2/ Samkhya et Yoga
Le Samkhya est traditionnellement couplé au Yoga de Pantanjali dans les « Yoga- sutra », qui en sont l’aspect considéré comme pratique.
Le Samkhya ; l’énumération, l’approche par l’extérieur de la compréhension du fonctionnement de l’univers (macrocosme).
Le Yoga ; l’approche par l’intérieur (microcosme) de la compréhension du fonctionnement de l’univers.
Ce darshana « Samkhya » est issue de la racine du verbe – KHYA – khyati signifiant « il est nommé » au sens passif de « s’appeler » comme au sens de « faire connaître », khyati est aussi un mot féminin qui veut dire « renommée, nom ».
L’utilisation du préfixe – SAM – (avec, ensemble) permet de constituer le verbe samkhyati qui se traduit par « il compte, il calcule » ou « il estime, il résume ». La terminologie du nom samkhya s’applique à « la doctrine philosophique fondée sur la discrimination ».
Le Saṃkhya se propose d’analyser rationnellement la réalité. De cette compréhension surgit la libération du cycle des renaissances (samsara), qui est souffrance (duhkha). Il donne une grande place à la logique car tout ce qui est dit est prouvé. Il repose sur une pensée dualiste qui affirme que l’on doit distinguer 3 entités : purusha (principe vital, esprit, âme de l’univers), le non-manifesté et le manifesté (prakriti)
3/ Mimamsa et Vedanta
– Mimamsa (recherche, exégèse) est une école philosophique « astika » (qui reconnaît l’autorité des veda), elle fut créer par le Sage Jaimini (purvamimamsa : exégèse ancienne).
Les philosophes de la Mimamsa ne croient pas à la contemplation, à la recherche de l’Absolu. Ils refusèrent même jusqu’à un certain moment l’idée de la délivrance (moksha), et lorsqu’ils se verront contraints de l’intégrer, ils affirmeront encore qu’elle est obtenue par les rites. Leur conception de l’action (karma) comme douloureuse par nature n’en est que plus frappante. L’action n’exprime pas l’homme, elle trahit seulement son désir, au sens égoïste du terme. Cependant ces rituels peuvent être effectués pour le bonheur intérieur.
– Vedanta signifie « fin, aboutissement, conclusion des Veda » nommé aussi « Uttara mimamsa » fondée par Adi Shankara, auteur supposé du « Brahma Sutra » en 200 avant J.C.
Les principaux textes sur lesquels s’appuie le Vedanta sont les « Upanishad ».
Le Vedanta est issu de l’hindouisme ancien qui se consacre à la relation de l’humain à Dieu et la réalisation de la réalité ultime : le moksha. Il a été commenté par de nombreux sages (rishi) au cours des siècles.
Le Vedanta définit la nature de l’Existence, enseignant que le Soi (Atman) est de même nature que la Réalité ultime indifférenciée (Brahman). La perception de cette réalité est obscurcie en l’homme par la fausse idée qu’il a de lui-même et du monde, l’empêchant de vivre la plénitude de l’unité. Dans les Upanishad, la Conscience pure, appelée Brahman (le Soi universel), est présentée comme le substrat de l’univers, à partir duquel apparaissent le monde et aussi la conscience individualisée (ahamkara). Mais toutes ces formes, selon le Vedanta, ne sont que des apparences illusoires, parce que seul le Brahman existe en réalité. Le monde tout entier n’est pas ce qu’il semble être : il n’a pas d’existence indépendante, il est la manifestation d’une réalité ultime, il est une simple apparence, et il surgit par le jeu de « maya » (illusion), le pouvoir créateur inhérent au Brahman.
C’est ce courant de pensée qui est à l’origine du concept de la « Non-Dualité » telle qu’il s’est répandue à travers le monde et principalement en Occident. Le fondateur de ce darshana Vedanta, Rishi Shankara a influencé beaucoup de penseurs indiens comme Sri Aurobindo, Tagore, Osho, et d’autres comme Schrödinger et Einstein.
Le Vedanta a associé à son développement ultérieur d’autres éléments philosophiques empruntés à un autre darshana indien, le Samkhya, qui définit par exemple 3 « qualités » (les guna) présidant à la Nature, trois modes d’existence, trois modalités de la matière :
– Tamas (ténèbre) : principe inférieur d’obscurité, d’inertie, de lourdeur, d’ignorance (notamment spirituelle), d’incapacité.
– Rajas (rouge) : principe de désir, action et passion.
– Sattva (le fait d’être) : principe supérieur d’équilibre, d’harmonie, de lumière, de sincérité, de pureté.
(Source Wikipédia)

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