
Il faut porter encore en Soi un chaos pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante.
Friedrich Nietzsche
La découverte d’Uranus en mars 1781 par l’astronome anglais William Herschel coïncide avec « l’esprit révolutionnaire » rattaché à la symbolique de cette planète transpersonnelle, soufflant (Uranus représente l’air, le mental universel) sur le monde occidental de 1773 à 1802. Ainsi, on observe la montée d’un mouvement social, démocratique et militant intense et très revendicateur.
En effet, durant le dernier tiers du 18ème siècle, l’Occident se développe à tous les niveaux, économiquement, démographiquement, scientifiquement et techniquement ; parallèlement, éclatent de part et d’autres, d’innombrables luttes populaires, pendant lesquelles s’épanouissent des idéaux émancipateurs face auxquels les rois se voient contraint de devenir « éclairés » au risque de « perdre la tête ».
Cette lame révolutionnaire a bien détruit les contraintes des vieilles structures féodales obsolètes (Saturne) mais la rapidité et la nature erratique des changements débouchèrent sur l’anarchie et le chaos (Uranus). Il faudra du temps pour qu’un ordre nouveau et la stabilité sociale se mettent en place et l’emportent sur le conservatisme et la stagnation du vieux système.
Uranus est donc devenu le symbole des prémices de la révolution industrielle du 19ème siècle qui a contribué a changer le rapport de l’homme au temps, à la productivité et aux communications, en accélérant et en augmentant les performances.
Dans un premier temps, W.Herschel voulut donner à sa découverte le nom de « Georgium Sidus » en honneur du roi George III d’Angleterre, mais ce n’était plus dans l’air du temps de célébrer un roi. C’est ainsi que la communauté scientifique se range à la Tradition des Anciens Astrologues de relier les Dieux, les planètes et les Hommes. Elle adopte donc le nom latin du dieu grec Ouranos.
Uranus évoque la cassure avec la structure concrète du monde saturnien en ouvrant sur la libération de l’homme pensant par et pour lui-même. Cette convention astrologique rend au père de Chronos la position de divinité des origines ; Ouranos, issu du chaos primordial, représentant l’énergie du vide empli de possibles à venir.
Uranus / Ouranos
Ouranos (le Roi des Montagnes) est le Dieu du Ciel. C’est le premier à régner sur l’univers qu’il a engendré à partir du chaos, le vide abyssal et sans forme d’avant la création. Ouranos est la « réflexion de l’idée » d’un univers avant que celui-ci ne prenne forme. Il est le symbole de l’espace infini de l’esprit divin en devenir. Il représente le zéro en numérologie ou le Mat dans les Tarots.
Le mythe propose une autre version, Ouranos serait le fils de Gaïa, la mère universelle, dont il devient l’époux.
Du corps de Gaïa et de ses amours avec le Ciel Etoilé (Ouranos) naquirent une vaste et étrange progéniture aux noms familiers et mystérieux : des Cyclopes avec un œil unique planté au milieu du front, des monstres agitant 100 bras en une seule volée, des Titans d’une incroyable force. Ouranos n’est qu’un sexe avide de couvrir chaque nuit le corps soumis de Gaïa, refusant la « lumière » à ses enfants. Le mariage d’Ouranos, principe masculin dans l’élément air, et de Gaïa, principe féminin dans l’élément terre, symbolise l’union entre l’idée dans son état de perfection infinie et la matérialisation de l’idée dans les limites de sa manifestation finie. Le conflit entre les 2 éléments air et terre est articulé, dans le récit mythologique, par l’aversion d’Ouranos pour ses enfants qu’il trouve imparfaits et même hideux. Il les enfouit dans le sein de Gaïa dès qu’ils sont nés.
Celle-ci, enceinte du Ciel, ne peut jamais « mettre au monde » ; devenue énorme, ivre de souffrance, torturée dans sa chair, terre gémissante, elle est en train d’étouffer, elle façonne une faucille et lance un appel. Les sons de sa voix parviennent à la conscience du dernier-non-né, le Titan Chronos (Saturne). Il l’entend sans doute en raison de sa condition de dernier conçu, donc encore proche de la conscience de son éternité, sa mère l’arme de la serpe d’acier et lui demande de la libérer Il affronte son père Ouranos, il lui tranche le sexe et le jette dans les flots de Poséidon pour ensuite s’emparer du pouvoir. Le Ciel Etoilé n’a pourtant pas dit son dernier mot, ou plutôt son dernier acte fécondant, les gouttes sanglantes de sa blessure se dispersent sur les continents, naissent au contact de la terre, les Erinyes, les Géants et les Méliades (les Nymphes de frêne) ; les organes génitaux immortels du créateur insatiable sont engloutis par les flots d’où naquit la divine Aphrodite (Vénus), la Déesse de la beauté et de l’amour. Grâce à cet acte héroïque, les enfants de Gaïa et d’Ouranos accèdent enfin à la lumière du jour, libérant en même temps le corps de la terre des souffrances de l’enfantement perpétuelle inachevé. Ouranos, castré, perd sa capacité de créer. Il disparaît de la mythologie au profit de Zeus (Jupiter). Ouranos engendre les puissances du désordre que sont les Titans et il sème l’anarchie et la destruction dans les récits mythiques.
Uranus / Prométhée

Les Astrologues relient aussi le symbolisme d’Uranus au mythe de Prométhée (la pensée prévoyante).
Uranus, octave supérieur de Mercure (Hermès), habillé du caractère prométhéen, ajoute une autre dimension aux images archétypales d’innovation et d’émancipation.
Prométhée est le bienfaiteur de l’humanité en butte aux Dieux et doué d’une incroyable clairvoyance. Il est le fils du Titan Japet (qui conduit précipitamment) , frère de Chronos, qui a épousé une fille d’Océanos et avec laquelle il a 4 enfants mâles : Epiméthée (celui qui voit après), Prométhée (celui qui voit avant), Atlas et Ménoetios. Le Titan Japet est né de la première génération après l’Origine, il possède donc dans son code génétique l’extraordinaire force créatrice de son grand-père Ouranos et la matérialité de sa grand-mère Gaïa.
Prométhée préfère utiliser les ruses de l’esprit (à la métis), plutôt qu’a la force brutale. Prométhée prend le parti du genre humain dont il créé l’enveloppe charnelle à partir de l’argile. Il porte à Zeus une haine profonde, qui lui même le déteste car il a dérobé l’étincelle de feu divin pour la donner aux Hommes. Cette étincelle est l’esprit humain, elle leur apporte l’intelligence suffisante pour s’émanciper de leur vie végétative et bestiale dans laquelle Zeus se plait à les maintenir.
Ce crime de Prométhée est puni par un châtiment atroce qui doit durer trente mille ans, il est enchainé à une montagne et chaque jour, un vautour dévore son foie qui chaque nuit se reconstitue. Zeus n’a pas supporté que Prométhée puisse défier son pouvoir ni sa sagacité en possédant un secret dont il ignore tout. Malgré la souffrance insoutenable, Prométhée garde le silence et reste prisonnier pendant 30 ans. Ce sera le centaure Chiron, qui cède son immortalité divine à Prométhée pour se libérer lui-même d’une blessure éternelle infligée par accident lors d’un combat par Héraclès (Hercule). Délivré de son tourment, Prométhée rejoint les dieux de l’Olympe tandis que Chiron, débarrassé de son immortalité, peut enfin mourir en paix.
En bravant l’autorité suprême de Zeus, Prométhée émancipe les Hommes de leur ignorance. Il leur apporte la connaissance des nombres et de l’alphabet, il leur enseigne l’art de se servir du feu pour travailler le fer et cuire les aliments, l’art de dompter les chevaux, cultiver les champs avec l’aide des animaux domestiqués et aussi l’art de soigner par les plantes et bien d’autres choses.
Prométhée, par sa foi, bienfaiteur mythique, fait œuvre d’innovation, d’émancipation et d’humanisation auprès des hommes, c’est ainsi qu’on peut l’assimiler à l’énergie uranienne inventive, rebelle et humanitaire.
Uranus: la revanche sur Saturne

L’initiation de changements radicaux, accompagnée d’un rejet de toute autorité imposant des limitations à l’expression innovatrice, signale l’éternel conflit de l’ordre nouveau qui supplante l’ordre ancien ; c’est bien la revanche d’Ouranos (Uranus) sur son fils Chronos (Saturne) qui l’a castré. Dans un premier temps, les idées géniales d’Uranus démolissent ou réforment les structures saturnienne obsolètes. Dans un deuxième temps, le principe saturnien enracine les changements dans la construction de la nouvelle organisation plus efficace jusqu’à ce que cette dernière devienne elle-même caduque et se retrouve détruite par Uranus et ainsi de suite. Uranus, le fils du chaos primordial, représente ce génie créatif qui surgit du vide cosmique pour insuffler des idées nouvelles. Il est associé à l’élément air, à l’esprit, aux prouesses intellectuelles, aux idées fulgurantes, à l’originalité, aux innovations technologiques, sociales et culturelles. Uranus est l’illumination soudaine et géniale.
Lorsque l’énergie uranienne l’emporte de façon excessive sur l’énergie saturnienne, apparaissent des problèmes d’instabilité, d’incohérence et de chaos. A l’inverse, lorsque Saturne paralyse ou étouffe l’étincelle de vie portée par Uranus, les individus bloquent leur dynamisme de leur esprit inventif.
Quand l’équilibre et le dialogue s’instaurent entre ces 2 archétypes, que le caractère excentrique d’Uranus accepte les bienfaits d’une organisation structurée, l’union de ces 2 opposées accomplit des œuvres d’une grande beauté pour le bonheur du créateur et pour le bienfait de l’humanité. C’est l’alliance du génie inventif uranien avec le réalisme pragmatique saturnien, l’association merveilleuse des forces du changement avec celles de la stabilisation.
Le Mythe d’Uranus appliqué à l’Astrologie

Il faut environ 84 ans (83 ans, 9 mois et 3 jours) pour qu’Uranus effectue sa révolution autour su soleil. Uranus sera pendant son cycle complet une fois conjoint et une fois opposé à chaque planète de son thème natal. La surveillance de ce passage engendre une dynamisation et une renouvellement de l’expression de chaque fonction archétypale, cette période invite à stimuler la créativité et l’individualité unique en chacun de nous.
Uranus passe 7 ans dans chacun des 12 signes du zodiaque avant de revenir à sa position natale. Chaque période de 7 ans correspond au développement de la « petite graine » symbolisée pour le rythme du zodiaque naturel soit :
– 0 / 7 ans : Bélier
– 7 / 14 ans : Taureau
– 14 / 21 ans : Gémeaux
– 21 / 28 ans : Cancer
– 28 / 35 ans : Lion
– 35 / 42 ans : Vierge
– 42 / 49 ans : Balance
– 49 / 56 ans : Scorpion
– 56 / 63 ans : Sagittaire
– 63 / 70 ans : Capricorne
– 70 / 77 ans : Verseau
– 77/ 84 ans : Poissons
Chaque période permet d’explorer, d’intégrer et d’exprimer le potentiel de cette « petite graine » en se libérant éventuellement des contraintes imposées de l’extérieur.
L’analyse des moments critiques du développement qui correspondent aux aspects majeurs entre la position d’Uranus en transit par rapport à sa position natale prend place :
– au carré vers 21 ans
– au trigone vers 28 ans
– à l’opposition vers 42 ans
– au trigone vers 56 ans
– au carré vers 63 ans
– retour conjonction vers 84 ans.
Si ces différentes phases de vie se passent avec un éventuel malaise intérieur ressenti comme une tension avec une envie irrésistible de tout changer, ou un grand besoin d’aventure, il est pertinent d’évoquer Uranus pour retrouver « sa voie individuelle ». La durée de ces transits émancipateurs varie entre quelques semaines et 2 ans.
Les moments cruciaux de transits d’Uranus peuvent se superposer à de brusques changements d’attitude tout à fait inattendus et imprévisibles même pour les personnes qui les vivent. C’est une volte face radical et un changement de direction où personne n’est invité à suivre, l’entourage reste stupéfait car il n’y a aucun signe avant-coureur. Cette pression incontrôlable et impérieuse d’envoyer tout valser est ressentie comme une question de vie ou de mort, cela peut être une invitation d’évolution spirituelle et individuelle incontournable.
Les références d’écriture :
– Ecriture Céleste, Christine Gonze Conrad
– Prométhée : Le Mythe de l’Homme, Luc Bigé

Dane Rudhyar associe Prométhée et Epimethee au cycle de Mercure avec le Soleil …
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Merci 🙏🙏🙏
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