
Le futur appartient à ceux qui croient à la beauté de leurs rêves.
E.Roosevelt
Neptune ou l’irrépressible nostalgie
Neptune est la parabole du mythe du « paradis terrestre ». Au commencement, il y a la période de gestation dans les eaux protectrices du ventre maternel qui est un refuge où la nature répond à tous nos besoins ; puis vient la naissance avec la première expérience de séparation au contact du monde extérieur encore empreint de la tendresse idyllique de la mère. La nostalgie de la bulle maternante et le désir de retrouver cette fusion prénatale coexistent avec la pulsion de s’en affranchir et d’affirmer sa propre identité afin d’accéder à son « Eden individuel ». C’est aussi la notion de l’innocence projetée sur l’idée du bien et du mal qui se développe dans le rapport aux autres et se construit par l’éducation, la connaissance et la croissance de la conscience. Et c’est en perdant « cette compétence paradisiaque », que l’être humain découvre qu’elle existe et qu’il tentera de la retrouver à tout prix. La quête du « paradis perdu » se trouve au cœur des opportunités que propose l’influence de Neptune.
C’est ainsi que, déçu d’attentes idéalistes neptuniennes, on échafaude des parades pour échapper à la réalité contraignante et désenchantée terrienne. Le premier déploiement d’évasion est sans doute la création artistique, la communion avec la nature, l’escapade par les rêves, les aventures romantiques, le cinéma, mais aussi les « paradis artificiels » comme la prise de drogue, d’alcool et autres substances qui modifient le niveau de conscience et fabriquent l’illusion du paradis retrouvée. Les réveils sont alors pénibles, douloureux et addictifs, on veut aller plus loin…
Le yoga, la méditation, l’immersion dans la nature, la musique, la danse, la visualisation créative, l’amour des autres sans attente et dépendance sont des voies positives pour atteindre en douceur et en harmonie le bonheur de l’unité primordiale retrouvée. Il nous faut, pour avancer, abandonner les illusions de la « perfection paradisiaque ». La perte d’innocence et de naïveté propre à l’influence neptunienne est fondamentale pour accéder à l’expérience douloureuse de séparation qui fait partie de la condition humaine.
Le paradis ce n’est pas un lieu, c’est une Âme.
Georges Barbarin
Neptune ou le complexe du Sauveur
Cet astre céleste porte naturellement, intuitivement, l’archétype du sauveur/rédempteur (le signe des Poissons est relié au Christ dont le symbole Ichthus veut dire poisson en grec) avec sa contrepartie de la victime/martyr.
Au niveau spirituel, la rédemption de l’Homme et le rachat de ses fautes par une divinité dotée de compassion illimitée pour la condition humaine, qui se sacrifie, torturée et souffrante, après s’être incarnée pour le sauver, est le mythe le plus ancien de l’humanité. Ce sauveur, s’identifiant aux souffrances inhérentes à la réalité de la vie sur Terre, apporte ainsi une signification aux tourments de l’Homme et lui rend l’espoir et le salut. La foi dans l’intervention divine est une croyance neptunienne.
Au niveau individuel, le neptunien reçoit la désolation de l’autre en vue de le soulager et l’alléger. Il lui sera difficile d’établir des limites au besoin d’aider ou de sauver l’autre ; une situation de codépendance peut alors s’installer dans laquelle le sauveur devient la victime. Le sauveur peut aller jusqu’à l’épuisement physique et psychique, s’il ne trouve pas la volonté de dire non quand il a atteint ses limites. Une fois intégrée dans l’enceinte d’une saine expression, cette qualité neptunienne incite à nourrir un sentiment de confiance et de compassion envers soi-même, accompagné du respect des capacités de l’autre.
D’autre part, confronté à la honte de ne pas atteindre les idéaux imposé par l’injonction divine, le neptunien va s’enrôler dans une doctrine sacrificielle en élevant la souffrance à une expérience spirituelle. Le tableau neptunien se colore d’un sentiment d’être à jamais victime de la vie et de l’incompréhension du monde, il peut alors sombrer dans la destruction de tout idéal, personnel ou collectif.
Un sain détachement des espérances irréalistes de l’égo, allié à la capacité de diriger son regard sur le bon et le beau dans la vie quotidienne, permet la réunification à soi-même et au monde dans son imperfection parfaite.
L’Espoir, ce n’est pas de croire que tout ira bien, mais de croire que les choses auront un sens.
Message Divin
Neptune et l’inspiration divine
L’énergie neptunien est au cœur du sentiment religieux, « le sentiment océanique » (R.Rolland). Il illustre le besoin primaire de connexion avec le grand Tout. Il appartient au domaine de Neptune de considérer que toute séparation est une illusion. La nostalgie d’harmonie divine est au cœur de l’archétype neptunien qui habille ce profil d’une attitude de totale confiance dans un processus spontanée, surnaturel et magique. Cette « participation mystique » se nourrit d’un état d’abandon et d’attention proche de la méditation silencieuse. C’est avec la pratique de la méditation que l’on soulève le voile de Mâyâ (mot sanskrit signifiant illusion hypnotique de séparation source de confusion) qui dissimule la réalité une et indivisible de la vie. On fait tous « Un » au niveau du cœur, la tête sépare et analyse (Mercure), le cœur unit et aime (Neptune). Le désir de communion absolue avec le divin dans l’extase mystique en est une expression. Le Mystique neptunien ne peut décrire et partager son ravissement indescriptible, ce qui le rend étrange, imprégné d’énigmes et d’incompréhensions, voire de dangerosité au regard de la société rationnelle.
A défaut d’union mystique avec Dieu, c’est dans le mystère et l’extase du rapport amoureux avec un autre être humain que beaucoup transfèrent leur désir de communion avec le divin.
l’Amour est le fruit de l’affinité spirituelle et si elle ne crée pas à un certain moment, elle ne se créera jamais.
Khalil Gibran
Neptune et l’inspiration amoureuse

Neptune et l’amour, c’est le « paradis sur terre », on est dans sa bulle, on ne fait qu’Un. La perte d’identité, l’idéalisation de l’autre, la fusion, la passion avec ses folies, ses délices et ses angoisses, l’extase des corps et la communion des âmes sont les symptômes de l’abysse amoureux neptunien. On se perd dans les affres de l’amour ou certains ont la chance de s’y retrouver. Pour beaucoup de personnes le sentiment amoureux a supplanté le sentiment religieux pour réenchanter la vie et lui redonner sens. L’amour romantique neptunien ne veut pas dire simplement aimer mais bien « tomber amoureux », au sens où le neptunien se laisse envahir par la déferlante amoureuse avec confiance et abandon le connectant à une sensation d’éternité, proche de l’état prénatal d’avec la mère. L’amour passion fait partie des « drogues » dont le neptunien aime à s’adonner pour nourrir le besoin extatique d’échapper à la réalité froide et lisse du quotidien.
En tant qu’octave supérieur de Vénus, la déesse du désir et de l’amour, Neptune est associé au désir insatiable de posséder ce qui est hors de portée en espérant atteindre le bonheur paradisiaque. La passion neptunienne emplit sans crier garde, sa force submerge le « moi » en le faisant vaciller jusqu’à lui faire perdre l’équilibre et sombrer dans l’inconnu, l’indicible, les profondeurs insondables de notre être mystérieux. L’être aimé devient une moteur qui nous pousse à chercher notre propre vérité ; il est à la fois une fenêtre sur le monde extérieur et aussi la porte de notre psychè. Une fois le processus décodé, l’amour passion n’a plus de raison d’être. Si la transformation de la forme d’amour n’aboutit pas, seul la séparation est possible. Si l’amour/passion est capable de se maintenir dans une expérience dynamique alors un enrichissement intérieur de la relation s’installe et si l’amour/passion se modifie en amour compassion ou inconditionnel, chacun grandit dans la tendresse et le compréhension d’une complicité d’enchanter l’instant présent.
L’imagination, cadeau neptunien, est une qualité essentielle pour nourrir le sentiment amoureux, la relation sera alors embellie des fantasmes projetés sur l’autre. Cette imagination fertile et sans limite peut inventer une mythologie propre au couple, positive, évitant l’écueil de n’identifier que les défauts de l’être aimé mais bien de le considérer dans sa globalité. L’amour à distance est aussi une caractéristique neptunienne cultivant ainsi la magie de la relation dans un idéal non matérialisé.
Neptune et l’inspiration artistique

La musique, la peinture, la poésie, la littérature, la photographie, les films sont associés au monde inspiré et créateur du neptunien. L’art, au sens neptunien du terme, évoque la beauté, l’esthétisme qui le touche et l’inspire sans pouvoir expliquer pourquoi. L’artiste se fait aussi l’interprète de l’inconscient collectif, il participe au développement spirituel, psychologique, culturel ou social de son temps. Il en est le reflet et l’image voire le messager.
Les rêves spontanés font partie du royaume de l’inconscient neptunien, qui échappent à la volonté du « moi » et qui interpelle par des images sans y apporter une interprétation littérale. Ils établissent la communication entre les besoins de l’âme et stimulent une démarche réflexive.
Le monde de l’image sert de visions constructives mais aussi destructives et peut installer la confusion au niveau de la perception de la réalité. Il faut alors lutter contre la part sombre de Neptune et activer l’esprit critique propre à Mercure pour le sortir de l’illusion.
Ecrire c’est peindre des mots.
Inconnu
La Traversée neptunienne ou l’art de naviguer
Reliés au signe des Poissons par exaltation ou par maîtrise, Vénus, Jupiter et Neptune induisent un processus d’ouverture qui vient déconstruire nos défenses et qui vient mettre à mal les limites de notre petite île. Absorber l’immensité de la mer nous rend de plus en plus spacieux, elle restaure en nous la dimension de réceptivité. A garder les pied sur la Terre ferme, on nourrit l’illusion de « sa propre fermeté » en occultant les forces d’érosion qui agissent à notre insu. Accepter de se laisser bousculer par la vague neptunienne est une expérience magique, effrayante, insensée, inégalable, inclassable mais tellement régénérante, revigorante. Elle nous chuchote le possible du retour à l’unité, du rétablissement de notre propre ordre interne, nous insuffle la promesse d’aborder les nouveaux rivages de notre Être sensible et inconnu de nos yeux voilés.
Le seul, le vrai, l’unique voyage, c’est de changer de regard.
M.Proust
L’invitation de Neptune, est de s’engager sur l’étendue marine, oser s’éloigner de la terre ferme, perdre la vision de la rive, surfer sur une idée de vertige qui ouvre un espace de ce qui peut être vécu quand on se déverse dans le monde neptunien et son océan aux contours indécis et brumeux. Quand se présente l’énergie neptunienne sur les rives de notre vie, avec ses effluves de grand large et son parfum d’infini, sommes-nous de taille à accueillir ce troublant visiteur ?
Le fait de « prendre la mer » symbolise la « représentation du désir », celui de transcender les limites du monde où l’on est né ou du monde dans lequel on vit. Cette expérience évoque l’acte de passer d’une niveau de réalité à un autre. Durant ce voyage, nous aurons cependant besoin du soutien du maître saturnien qui sera le garant de la solidité et la fiabilité du navire. La verticalité saturnienne fait écho à la constitution suffisamment solide pour tenir le rôle d’intermédiaire entre l’orientation imprimée du « Soi » et les exigences du monde extérieur. C’est le gouvernail, la qualité saturnienne intégrée, le Moi stable, qui fera preuve de prudence, de vigilance durant le trajet.
Neptune comme expérience sensible, convie l’homme à découvrir le territoire de son âme et il pourra faire le deuil de la nostalgie océanique à condition de visualiser la continuité du fleuve neptunien inondant la terre de ses offrandes.
Nous ne sortirons pas du labyrinthe moderne mondialiste dans lequel nous nous sommes engagés sans le secours de Neptune, sans l’ouverture du cœur de compassion (verbe compatir signifiant « souffrir avec »). Si nous étions plus nombreux à ressentir la détresse invisible de l’ours polaire qui va disparaître au même rythme que la fonte des glaces, si nous pouvions entendre le cri végétal des arbres que l’on coupe pour des causes mensongères censées nourrir la planète, si nous pouvions repérer la respiration de la petite fleur qui se meurt en inspirant les pesticides, si nous pouvions nous dire que toute forme de vie doit être respectée, si nous pouvions renoncer à notre mode de vie qui génère maltraitance et destruction. Et si nous pouvions nous connecter à notre cœur et à la vibration universelle de l’amour qui inscrit bonté et amabilité, alors la contagion neptunienne de la guérison l’emporterait sur le reste. Et alors ce serait tellement bien…

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