
La passion est un excès de vie, un excès de lumière, impossible à étaler dans un quotidien.
Tahar Ben Jelloun
Dès qu’on s’immerge dans la saga de Mars et Vénus, notre imaginaire s’envole sur des songes de beauté, de courage, de sexe, de guerre, de séduction, de conquête, d’amour et de violence. Ils constellent instinctivement l’écran de notre psyché en l’illuminant nos élans et aspirations nourris en cela par nos lectures, par le cinéma, par la publicité et bien entendu toutes expériences intimes vécues ou idéalisées (avec la présence d’un Neptune dominant dans le thème).
Nous savons que le rôle du plaisir et de l’agression dans l’instinct de survie pour la reproduction et l’évolution de l’espèce est majeure, il n’y a pas d’amour sans agression ! Vénus et Mars, les 2 pôles opposés et complémentaires sont intimement liés à la dynamique qui s’articule dans l’instinct de survie.
Au niveau symbolique, Mars est l’instinct d’agression émotif, irrationnel indispensable à la survie individuelle et à la reproduction de l’espèce. Tandis que Vénus est la sensation de plaisir essentielle au tissage du lien avec les autres. Ils sont, en cela, l’incarnation du processus vital. Leur rencontre, dynamique, passionnelle, naturelle, chimique et de fait « phéromonal », constelle l’Amour pour la vie elle-même, avec la ferme volonté et exaltation de la préserver et de la perpétuer.
Au cours de l’évolution des espèces, l’agression brutale martienne s’est civilisée et ritualisée dans une série de signes, d’allusions et de codes qui ont la même finalité que l’acte primaire de violence pur et simple, mais coloré de l’aspect plaisir, la connivence ludique et la réceptivité illuminée de l’énergie vénusienne. C’est l’élaboration naturelle de ces gestes, rituels et indices martiaux mimant l’agression qui, au cours de millions d’années, a différencié les espèces les plus évoluées, dont l’être humain, du reptile primitif. Un fois intégrés, les rites de bienséance, les bonnes manières chères à la sensibilité vénusienne pour harmoniser une relation, ces rituels d’agression donc sont transformés par le pouvoir séducteur de Vénus en un geste reconnu et nécessaire pour établir un lien avec un territoire et/ou un (e) partenaire convoité(e). Bien entendu, archétypalement, Mars et Vénus illustrent la danse millénaire de la séduction et la passion charnelle. Tandis que le couple Soli-Lunaire symbolise « le principe d’existence primordiale » dans lequel la vie telle que nous la connaissons n’existerait pas, le couple Vénus-Mars symbolise « l’instinct de conservation » sans quoi la vie n’évoluerait pas et disparaitrait sans aucun doute.

Mars est le point de départ de toute chose, impulsion et violence, que son opposé vénusien équilibre en rendant la vie plus plaisante car elle adoucit les mœurs, sans pour cela lui ôter sa force combative indispensable. Force ne veut pas dire violence. La force n’est pas l’apanage de Mars, nous la retrouvons aussi bien dans l’expression yang d’un Mars que dans la délicatesse yin d’une Vénus confiante dans son pouvoir de séduction et d’attraction.
La complexité et l’ambiguïté que porte en elle, la vénusienne fascine depuis des siècles. L’espoir et la crainte d’être embrigadé par cette énergie délicieuse de l’amour, mais aussi dans le champ de souffrance de la passion entremêlée, parsèment notre éducation amoureuse pour le meilleur et pour le pire.
Le principal danger lié à Mars est la répression, en effet tout archétype réprimé se retrouve dans les profondeurs de l’inconscient et peut faire surface accidentellement avec tous les dégâts d’une irruption soudaine (C.G. Jung). Mars réprimé accumule de l’énergie agressive et c’est alors la part d’ombre maléfique (pour rappel, dans le zodiaque, il est surnommé le « petit maléfique ») qui explosera dans une rage et une violence physique ou émotionnelle incontrôlable. De son côté une Vénus réprimée, à l’identique, fait des ravages ; elle bafoue le sacré de l’amour, la jouissance, la sensualité, les jeux de l’amour, alors que naturellement cette déesse est l’éveil des sens, elle appartient au secret de la vie intime avec ses rituels mystérieux et divins.
Les relations affectives sur le plan de Vénus et Mars n’ont d’autre sens que celui d’un rééquilibrage émotionnel entre attitude consciente et attitude inconsciente. Peu à peu, l’homme apprend à connaître la paix intérieure par l’acceptation de sa fragilité ; la femme découvre son nom véritable, qui n’est autre que le « feu de l’Âme » (F-Âme), en se dégageant des formes extérieures devenues « appâts-rances » (apparence).
L’homme doit intégrer sa Vénus natale, plutôt que de projeter sur les femmes, des idées ou des objets séduisants qu’il cherche ensuite à conquérir avec l’énergie martienne. C’est ainsi qu’il prendra conscience de sa capacité d’amour apportant paix et plénitude, le repos du guerrier.
Quant à elle, la femme doit intégrer son Mars natal, elle doit cesser de projeter sur des hommes virils et conquérants qu’elle séduit par le charme et la beauté physique, elle pourra observer le sujet de ses émois comme symbole d’une réalité psychique enfouie en elle, elle touchera du doigt ainsi, sa force d’âme encore méconnue.
Sur les plans subtils, les opposés s’inversent. En effet la femme possède une grande résistance psychique, souvent inconnue tant qu’elle n’est pas confrontée à des difficultés majeures ou quand l’homme n’assure plus sa fonction visible de protecteur ; l’homme est secrètement sensible à la beauté et à l’harmonie de la vie individuelle et collective mais l’injonction archétypale lui interdit de le dévoiler. La femme est mieux équipée pour surmonter les épreuves psychiques que les défis physiques ; l’homme lui, inversement, se sent plus à l’aise pour transformer la vie physique que pour surmonter les déséquilibres psychiques.
A travers la femme, l’homme prend conscience de la qualité et de l’ombre de sa « Vénus » inconsciente. La beauté qu’il admire en des formes extérieures n’est que le reflet psychique qu’il lui faut encore découvrir en son cœur.
A travers l’homme, la femme réalise le type d’initiative dont elle est potentiellement capable sur le plan psychique, la forme physique qui la séduit n’est que l’image matérialisée de sa puissance psychique.
L’Amour est la sagesse du fou
Samuel Johnson
Et la folie du sage.
Vénus et Mars dépeignent la dialectique entre la forme et la force, une seule lettre différencie ces 2 mots, dont la suppression dévoile la source commune : le for(e) intérieur. Forme (Vénus) et Force (Mars) sont des émanations différenciées du Feu (f), de l’Eau (o), et de l’Air (r), déployés sur les 3 plans de la personnalité E.
La « forme » est l’image maternelle, mature, mais aussi mortelle, du for intérieur de tout être. L’Amour (m=aime) est son guide.
La « force » est la puissance constructive, créative, mais aussi cassante, du for intérieur de tout être. Le savoir (c= sait) est son guide.
La combinaison de cette « forme » et de cette « force », symbole du couple Vénus-Mars, est présente en chaque être humain, homme et femme, sous une infinité d’expressions diverses et multiples. Elle est censée aboutir à l’établissement d’un lien avec l’autre, et avec la vie. Cette fusion de ces 2 énergies instinctives est le déclencheur primaire du sentiment amoureux.
Le thème natal va proposer un diagnostic des qualités innées à ces 2 archétypes qui vont s’exprimer de manière spécifique en chaque personne.
Ce couple mythique Vénus (l’Impératrice dans le Tarot) et Mars (Maître du Bélier, l’Empereur dans le Tarot) supporte la comparaison et la symbolique du couple tarologique terrien de l’Impératrice et de l’Empereur dans l’expression identique de l’amour, de la force, du plaisir, de l’impulsion et de l’agression dans les jeux de l’attirance et de la séduction.

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