Mercure: l’Archétype de la Communication

Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu.

Evangile de Jean

Mercure ou l’Habilité Mentale

Mercure est un dieu archaïque et polymorphe digne représentant de la diversité et de l’ambiguïté propres à l’Homme. Cette divinité étant aussi complexe que la complexité du monde, elle est l’archétype même de l’esprit humain. Les légendes qui émaillent sa mythologie mettent en lumière son intelligence rusée, son savoir-faire délicieux et astucieux dont il fait preuve afin d’arriver à ses fins. Ce ne serait pas exagéré de le célébrer comme dieu de la débrouillardise, de la jonglerie mentale, mettant en jeu un brio extraordinaire de culot et d’assurance. Ses qualités étant la rapidité d’interprétation et de compréhension, la souplesse de mouvement et d’adaptation, la curiosité et la capacité de se tirer d’embarras grâce à un sens aigu du moment opportun, elles en font un maître absolu dans l’art des mots et de la communication. Il possède incontestablement les meilleurs atouts pour établir ou rétablir les messages embrouillés et confus vers une voie d’éclaircissement, c’est un fin stratège. Ces qualités ont fait que Jupiter, son père, l’a désigné comme étant « le compagnon des Hommes ».

Mercure ou le Voyageur Ailé de l’Univers

Mercure n’est pas un divinité cantonnée à un domaine circonscrit ; en fait, c’est le seul à qui Jupiter a donné le droit de déambuler à sa guise entre le Ciel, la Terre et les Enfers lors du fameux partage de l’Univers des dieux olympiens. Il est impossible de le confiner à un lieu comme Hadès/Pluton aux Enfers, à une activité comme Arès/Mars au combat, ni même à un qualitatif comme l’on se réfère à Zeus/Jupiter le « Tout-Puissant ». Il est l’archétype de l’humanité dans sa diversité la plus riche, ses nombreux attributs en étant le reflet. Mercure est beaucoup plus que le « protecteur des voyageurs et des commerçants ». Ce Hermès/Mercure domine, et ce sur quoi il règne est un monde au sens plein, un monde pris dans sa totalité et non un fragment de la somme totale de l’existence.
Mercure, orateur et porte-parole, use de la communication comme une alternative plus raffinée au combat agressif et meurtrier du valeureux martien comme moyen de survivre. Vénus avait déjà fait une grande avancée adroite et distinguée en s’opposant à l’hostilité et la combativité de Mars par tous les rituels d’amour et de courtoisie.
Mercure partage avec sa sœur Vénus les dons d’intelligence astucieuse et de séduction, il a plus d’un tour dans son sac pour réconcilier les adversaires par la ruse, la diplomatie, les échanges et les mots justes. Si le désir, le plaisir, la déduction et la sexualité sont le mode d’agir de Vénus dans l’établissement des liens avec les autres, C’est l’intelligence fulgurante, les réflexions à propos et la capacité d’établir des connexions, qui sont l’apanage de Mercure pour permettre de négocier ou de rétablir les relations.

Mercure ou l’Expertise du Verbe et de l’Elocution

Le Verbe est d’abord relié au religieux dans le rapport entre les Hommes et les Dieux. Le langage apparaît partout en relation avec le suprême dieu créateur. Avant l’ère chrétienne, le concept d’un être spirituel qui pensa le monde et qui utilisa le Verbe comme moyen de création circulait déjà comme pensée dans les sociétés antiques. Hermès/Mercure illustre au mieux le caractère mythico-religieux de la parole, la puissance suggestive du mot qui donne forme et fonction à la pensée du cœur et de l’esprit. La magie des mots jaillit dans son rôle de messager des dieux à la fois interprète, ambassadeur et prophète. Le pouvoir créateur, guérisseur et destructeur du langage est aussi ancien que l’humanité.
La parole est la base de l’élément civilisateur. Le développement des sociétés humaines repose sur les échanges, l’échange des mots, l’échange des biens, l’échange d’informations, l’échange d’idées. Les échanges sont basés sur la communication qui s’établit à tous les niveaux : physique et matériel, affectif et émotionnel, intellectuel et spirituel.
Au delà du rôle traditionnel de Mercure dans les transactions commerciales, le mot « commerce » s’est lui-même élargi à une signification plus abstraite et concerne la façon de se comporter en société, d’entrer en relation avec autrui, « être d’un commerce aisé » ; et décrit bien l’une des qualités d’intermédiaire entre les êtres humains, y compris les rapports galants lorsque le messager des dieux se fait aussi entremetteur.
Le Mercure astrologique ou l’expert en joutes verbales est l’image type du « sophisme » issu du grec sophos qui veut dire habile, prévoyant, sage dans le sens astucieux. Mercure pratique l’art du sophisme en maniant les raisonnements subtils qui usent à la fois d’artifices et de conventions pour convaincre. Mercure « le dieu sans malfaisance » selon Homère, invite à considérer le rôle du langage astrologique sous la lumière du sophisme. La pratique enseigne le pouvoir des mots est sans nul doute plus réel que l’influence des planètes lorsqu’il s’agit d’établir un dialogue entre les hommes et les dieux.

Un sophisme est un procédé rhétorique, une argumentation, à la logique fallacieuse. C’est un raisonnement qui porte en lui l’apparence de la rigueur, voire de l’évidence, mais qui n’est en réalité pas valide au sens de la logique, quand bien même sa conclusion serait pourtant «vraie».

Wikipédia

Mercure ou la Dimension Alchimique

L’astrologie et l’alchimie sont comme 2 sœurs dans la grande famille de l’ésotérisme et Hermès/Mercure, le dieu des transmutations et des métamorphoses, y occupe une place centrale.
Dans la hiérarchie alchimique des dieux, Mercurius se trouve au plus bas en tant que prima materia (la matière première) et au plus haut en tant que lapis philosophorum (la pierre philosophale). En tant que matière première, Mercure symbolise la substance à jamais changeante et paradoxale de la psyché humaine. Sa dualité en fait tout à la fois, un compagnon positif et un guide familier sur le chemin lorsqu’il nous aide à faire sens, mais il peut être décevant, moqueur et embrouilleur de piste dans son rôle négatif.
La dimension alchimique de Mercure fait partie d’une processus initiatique qui œuvre à l’évolution du psychisme au niveau spirituel le plus élevé. Le « Grand Œuvre » hermétique définit la conquête de la lumière divine qui est l’unique essence de toute la spiritualité. C’est par la sagesse, l’intuition, l’ascèse et l’illumination que les Initiés se rapprochent de Dieu. Le véritable alchimiste voit Dieu en toutes choses, transforme le mal du monde en bien et se montre secourable envers son prochain. Le Mercure des philosophes permet d’accéder à la Connaissance Suprême pour agir en accord avec les Intelligences Célestes. Il initie à la renaissance spirituelle de l’Homme ainsi qu’à sa métamorphose d’Être imparfait et ignorant en personne éduquée et éduquante.
Par Mercure, l’Être se dit. Il parle du « dit » de la déité (D.I.T) qu’il est fondamentalement. S’approprier Mercure, s’approprier sa parole au delà des savoirs et des reflexes mentaux superficiels, c’est avant tout exprimer une vibration, un son que portent les mots. Cette vibration met l’Être en contact avec son centre intérieur de lumière et ouvre le canal de la créativité.
La position astrologique de Mercure procure des images à réflexion pour intégrer cette dimension créative et spirituelle de l’aventure humaine au-delà des niveaux matériels et psychologiques de son interprétation. Mercure donne les clefs pour analyser le registre où l’individu se positionnera vis-à-vis de l’astrologie en général et de son thème natal en particulier.

Mercure peut vraiment penser quand il peut s’arrêter de penser, précisément. L’unité entre Mercure et le Soleil se réalise quand la faculté de penser fusionne avec le silence de la conscience et c’est dans cette alchimie là que réside le pouvoir lumineux du logos. De même, on se rend compte que la pensée vivante est un acte de lâcher-prise, elle suppose une transparence de l’esprit sans laquelle le processus de la réflexion est obscurci par l’ingérence du mental.

Eric Berrut « Le Chemin de Soi »

Mercure ou l’Avocat du Diable

L’Être peut subir l’ambivalence de Mercure, son côté « dia-bolique », en nous pétrifiant dans une conception fragmentaire de nous-mêmes ; ou son côté « sym-bolique », en nous rendant notre entièreté solaire. Il se manifeste dans un angle occulté par la conscience et ainsi, il nous guide afin de prendre en compte certains aspects de nous-mêmes inconnus à ce jour. Il a vocation d’assouplir le cloison entre le conscient et l’inconscient et amener le « Moi » à élargir son point de vue. C’est l’intermédiaire entre le Moi et le Soi.
Le mental mercurien est un outil extraordinaire à condition de savoir l’utiliser astucieusement. L’intelligence de Mercure s’affine au fur et à mesure qu’il approfondit le sens inné de l’observation qui est le sien et qu’il l’applique dans des champs de plus en plus subtils. Lorsque Mercure se maintient en retrait et examine tout simplement ce qui se passe, à commencer par « celui qui habite le mental », un nouvel espace s’ouvre, on perçoit qu’on n’est pas cette entité qui pense à propos de qui l’on est et qui définit qui l’on est. Dès lors qu’on reste dans la position silencieuse du témoin, on écoute la voix de mental et on arrive à se différencier d’elle, on prend conscience de soi-même en tant que conscience qui écoute et qui regarde.

Namaste


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