
Quand je suis au bord de la mer
Raymond Radiguet
Afin de rester toujours jeune
Comme Aphrodite, je déjeune de Soleil,
Et de Lune dîne.
L’héritage mythologique de la Vénus romaine ou d’Aprhodite la Grecque remonte aux temps immémoriaux de nos mythes fondateurs et il est aussi sibyllin et délicat que l’immense sphère qui englobe la féminité, la beauté, la fertilité, les charmes et les plaisirs de la vie et de l’amour, mais aussi la pugnacité, la vénalité, les supercheries, la tyrannie et les blessures de l’amour dont Vénus est la déesse attitrée.
Les Mésopotamiens ont attribué à la planète Vénus, Dilbat en akkadien, les manifestations de leur remarquable déesse Inanna ou Ishtar. Cette mémoire astrologique est arrivée jusqu’à nous sous la forme d’une tablette de Vénus d’Ammisaduqa ou tablette 63, datant de 1646-1626 avant Jésus-Christ, sur laquelle figurent les heures de levers et de couchers de la planète Vénus colligées sur une période de 21 ans, elle révèle peut être pour la première fois que l’étoile du soir et l’étoile du matin sont en réalité un seul et même astre.
Inanna l’Ancêtre : « la Danseuse », déesse du Ciel et de la Terre

Inanna la Sumérienne est une figure majeure du panthéon suméro-akkadien (4000-3100 avant JC), elle a été associé à la ville d’Uruk (dans le Sud de l’Irak). Elle est l’héroïne de plusieurs hymnes et poèmes, elle est la déesse de la nature, de la vie et de la mort, de la fertilité des plantes ainsi que celle des animaux et des êtres humains. Son culte omniprésent rythme la vie quotidienne des Sumériens dans une série de rituels et d’offrandes. Inanna est la déesse de l’amour, elle génère le désir et le plaisir qui euphorisent tout dans l’Univers. C’est une déesse « polymorphe » qui apparaît sous les traits tantôt d’une jeune femme amoureuse de son époux Dumuzi et qui pleure sa mort, tantôt d’une déesse impitoyable qui n’hésite pas à mettre ce dernier à mort à cause de son manque de respect. Elle est reliée au cycle de la mort et de la renaissance, au cycle des saisons où le printemps et l’été succèdent à l’automne et l’hiver, la saison des pluies à la saison sèche, symbole du rythme de la nature qui est repris dans la plupart des traditions de la mythologie cosmique, comme entre autre le mythe grec de Perséphone, Déméter et Hadès.
La légende d’Inanna ou « la descente d’Inanna aux Enfers » est une histoire qui a bouleversé, et qui bouleverse encore, de nombreuses femmes. Cette histoire, pourtant, a des milliers d’années. Suivre le chemin qu’elle a parcouru au fil des siècles, c’est retracer l’arbre généalogique de notre civilisation. Au 20ème siècle, ce feuilleton est utilisé dans la psychanalyse pour illustrer certains des mécanismes de la psyché.
Ce récit est un mythe sumérien qui évoque les Enfers, le domaine des morts auquel, à priori, seuls les défunts ont accès, mais Inanna, volontaire, décide d’étendre son pouvoir du monde du visible où elle règne, au monde de l’invisible où règne sa sœur Ereshkigal, « la Reine de la Mort ». Après avoir quitté les 7 temples où elle est honorée et avoir revêtu les 7 attributs magiques de reine : sa couronne, ses colliers de lapis – le court et le long -, son manteau royal, son ornement de poitrine, son bracelet d’or et son sceptre ; Inanna va frapper à la porte du royaume de l’ombre et demande à y descendre sous prétexte d’assister aux funérailles du mari de sa sœur. La reine de l’ombre dupée et en colère de la duperie de sa sœur, ordonne au gardien du seuil de verrouiller les 7 portes qui mènent à son royaume. Inanna commence sa descente aux Enfers et à chacune des portes lui est ôté un attribut. C’est « nue et courbée » (c’est ainsi que les Sumériens enterraient leurs morts) qu’Inanna fait face au jugement sans merci de sa sœur. Le dieu des eaux va intervenir en façonnant 2 petits elfes guérisseurs qui se faufilent au pays des morts en emportant l’eau et le pain de la vie pour ramener Inanna à la vie. C’est ainsi qu’Inanna revient à la vie mais sa sœur exige « un substitut » pour prendre sa place. Elle choisit son propre époux Dumuzi en punition car il a pris sa place sur son trône en son absence.
Le culte d’Inanna protège le peuple sumérien mais elle est aussi la dualité projetée sur Vénus lorsqu’elle apparaît comme étoile du matin mais aussi lorsqu’elle brille en étoile du soir. L’étoile du matin, ou la Vénus Lucifer « la porteuse de lumière », est le signe de la lutte pour la survie par l’activité, le travail et la guerre. L’étoile du soir, ou la Vénus Hespérus (du grec hespera qui signifie soir), parle de repos, de plaisir, de l’amour et la propagation de la vie par la sexualité. Inanna est l’archétype du pouvoir féminin dans ses multiples facettes. La « descente d’Inanna aux Enfers » est un voyage initiatique à la rencontre de la mort en parallèle de la vie ainsi que la découverte des forces de l’inconscient et de l’ombre, et leurs contraires la volonté du conscient et l’égo.
Ishtar : la Divinité Astrale de l’Amour et de la Guerre

Ishtar l’Akkadienne, descendante de la toute puissante déesse mère, l’archétype de la mère universelle, est la personnalité féminine, ambivalente dans ses oppositions du yin et du yang, dans ses qualités protectrices et destructives la plus importante dans le panthéon assyro-babylonien (1732-539 Avant Jésus-Christ). Elle est honorée comme la plus brillante des étoiles – d’ailleurs son symbole est une étoile à 8 branches, symbole de la justice, d’équilibre cosmique et de médiation entre le ciel et la terre – la déesse du soir et de l’amour mais aussi la déesse du matin et de la lutte. Elle est aussi représentée comme une déesse guerrière, armée, casquée, domptant les lions et commandant aux chars de guerre. Elle est plus belliqueuse que son homologue sumérienne, elle favorise non seulement la volupté, la sexualité et la fertilité mais préside aussi et surtout à la guerre, au carnage et à la victoire sur l’adversaire. Ishtar office à l’immortalité du roi et procure à celui-ci le pouvoir, afin d’assurer la victoire et l’unité de la nation face de nombreux opposants. Le rituel des noces sacrées du roi et de la déesse protectrice du royaume prenait place dans les temples dédiés à Ishtar.
Aphrodite : la déesse de l’Amour grecque

La sublime Aphrodite à la couronne d’or est la fille de Zeus et de Dionée de Dodone, une divinité de lumière, du ciel et aussi des eaux.
D’après Hésiode, poète grec antique créateur de la Théogonie (theo=dieu, gonie du verbe gennao=engendrer, soit le récit de l’origine des Dieux) œuvre fondatrice dans l’élaboration de la mythologie grecque, Aphrodite (aphros=écume) est née des flots de l’océan fécondé par la semence du membre d’Ouranos, mutilé par la faucille de son fils Chronos. Pour Elien (le Sophiste, un historien, zoologiste et orateur romain de langue grecque), Aphrodite naît à l’intérieur d’un coquillage. Les poèmes et les hymnes font d’Aphrodite la déesse incontestable de l’Amour et la Beauté.
Mythologiquement, il existe donc 2 versions distinctes de la déesse (mais apparentées). La première, la plus répandue, est la déesse qui a été rendue célèbre par le tableau de Boticelli « La Naissance de Vénus ». Il s’agit de l’Aphrodite Ourania ou l’Aphrodite céleste (issu d’Ouranos), elle est connectée aux formes non physiques, supérieur abstraites de l’amour avec qui le signe de la Balance s’apparente. Elle est le mythe de l’Amour éthérique. La seconde, qui resonne plus avec le signe du Taureau, est connu sous le nom d’Aphrodite Pandémos ou Aphrodite du peuple (fille de Zeus et Dionée). Patronne des courtisanes, elle est associée à la fertilité terrestre et sensuelle couplée au désir et au plaisir de l’Amour physique. Elle est le mythe de l’Amour incarné.
Aphrodite choisit comme époux Héphaïstos (dieu du feu, de la forge, de la métallurgie et des volcans), le seul dieu laid et boiteux de l’Olympe, et c’est, enivrée de Désir et de Persuasion, qu’elle use de son pouvoir de séduction sur les hommes et les dieux. C’est la seule déesse à commettre l’adultère et à prendre des amants mortels ou immortels, Arès, Poséidon, Dionysos (dieu de la vigne, du vin et de ses excès, de la folie et de la démesure), Hermès (leur enfant : Hermaphrodite), le berger donc humain Anchise (enfant : Enée), ainsi que le bel Adonis.
Elle nourrit, par sa posture, la fureur d’Héra (sa sœur et la femme de Zeus) qui est la dépositaire du contrat de mariage et elle attise sa jalousie.
Les seules à échapper aux pouvoirs magiques et à la métis d’Aphrodite sont les déesses vierges et insensibles aux passions amoureuses comme Athéna (déesse de la sagesse, de la stratégie militaire, des artisans, des artistes et des maîtres d’école), Artémis (déesse de la nature sauvage, de la chasse et des accouchements) et Hestia (divinité du feu sacré et du foyer).
Les attributs d’Aphrodite sont nombreux et variés, tels que la colombe, le cygne et la myrte, arbre qui lui est consacré, mais également la nudité. Elle est en effet souvent représentée dévêtue, notamment par les artistes. Elle a plusieurs qualificatifs comme Aphrodite-Ouranos, amour universel, désincarné, céleste ; Aphrodite-Pandemos, protectrice des prostituée qui représente l’amour physique, sensuel et ordinaire ; Aphrodite-Porne, la prostituée ; Callipyge, aux belles fesses ; Anosia, l’impie ; Ambologera qui est capable de retarder la vieillesse ; Androfonos, la tueuse d’hommes ; Pasifaessa qui resplendit partout ; Doloplokos qui fabrique des pièges.
Son arme fatale était sa ceinture magique faite de soie tissée aux couleurs de la séduction qui rendait fou amoureux quiconque y posaient les yeux.
Aphrodite est l’emblème féminin majeure qui protège les plaisirs du couple, l’union entre mari et femme, la fertilité et les naissances ; elle éveille les passions, la volupté et les débordements coupables de l’adultère au mépris de tout engagements et liens familiaux.
Le dualisme de la déesse grecque dispense toute la puissance créatrice, destructrice et transformatrice qu’elle possédait déjà dans les premières cosmogonies en tant que divinité féminine de premier plan pour l’origine du monde et la propagation des espèces.
Aphrodite devient Vénus dans le panthéon romain

Son étymologie classique vient du verbe latin vincire « lier, enchaîner », elle unit le feu mâle à l’eau femelle, d’où résulte la vie.
Pour la recherche moderne, le nom de la déesse est un ancien mot neutre abstrait, passé au féminin, dont le verbe uenerari (uenerare) est dérivé. Anciennement, uenerari n’est employé que pour exprimer une attitude de l’homme envers les dieux : plus précisément « l’effort pour charmer, pour capter la bienveillance du dieu », « c’est tâcher de plaire » au dieu dont on espère, en retour, une autre forme de gentillesse, sa uenia. On peut aussi l’attribuer à l’origine du nom le mot venenum « le poison, le venin, le filtre d’amour ».
La déesse romaine Vénus est issue de l’amalgame entre une obscure divinité archaïque dédiée aux jardins, aux fleurs et aux cultivateurs et de la déesse estruque Turan dont les charmes sont déjà assimilés à ceux de l’Aphrodite grecque.
Vénus ne devient un modèle féminin central du panthéon romain que vers la fin du 3ème siècle avant Jésus-Christ, suite à la découverte des militaires romains de l’Aphrodite de l’Eryx durant leur campagne en Sicile qui est « la porteuse de victoire ». Ils décident d’ériger des temples en l’honneur de la déesse jusqu’au Capitale à Rome et la vénèrent sous le nom de Vénus Erycine.
Elle va assumer un rôle politique capital dans la Rome impériale et militaire, non seulement pour assurer la victoire mais aussi donner à la nation romaine une origine divine et glorieuse. Les Romains considéraient, en effet, qu’ils descendaient de la déesse Aphrodite par son fils Enée, fils du mortel berger Anchise, l’un des héros de la guerre de Troie. Il est le fondateur mythique de Lavanium à l’origine de Rome, puis de sa monarchie qu’il gourverna. Le roi Latinus lui offre sa fille Lavinia en mariage.
Malgré une farouche résistance des prêtres romains à remplacer ou inclure de nouvelles divinités, la dévotion populaire accueillit Vénus avec ferveur pour en faire la reine de Rome. C’était aussi la seule déesse capable d’apaiser les ardeurs de Mars et d’offrir le repos aux guerriers.
Le diamant est la pierre traditionnellement attribuée à Vénus et le cuivre est son métal. L’ne des qualités de Vénus est d’attirer à elle ce qui lui plaît à la manière d’un aimant qui attire le fer, métal attribué à Mars. Adamas, un mot grec signifiant à la fois « diamant » et « aimant » a le sens de « substance magnétique » et l’attraction de l’aimant ne peut avoir lieu que lorsqu’il est en présence d’un pôle opposé.
Vendredi est le jour de Vénus.
Vénus ou l’Impulsion relationnelle
Attraction et répulsion sont les 2 images du désir personnifié par Vénus qui suggère la nécessité et l’importance de faire des choix éclairés, judicieux et appropriés pour atteindre le plaisir de vivre et le bien-être relationnel.
Vénus, définie comme la « petite bénéfique » par la communauté des astrologues, n’est pas l’amour mais bien l’expression particulière d’exprimer l’amour de façon personnelle et subjective ; en effet, elle exprime l’amour des sentiments alors que Mars exprime l’amour-désir et les émotions fortes, on a l’amour dans l’emploi du mot juste avec Mercure, l’amour du bien du groupe avec Jupiter et l’amour du père qui sait poser des limites avec Saturne. On confond bien souvent sentiment (Vénus) et Amour qui évoque l’essence solaire, impersonnelle, chaleureuse et redynamisante.

Namaste
30 réflexions sur “Vénus dans la Mythologie Grecque”