Pluton dans la Mythologie Grecque

Plus claire la lumière, plus sombre l’obscurité
Il est impossible d’apprécier correctement la lumière
Sans connaître les ténèbres

J.P Sartre

Pluton est un dieu mythologique du peuple romain, il est l’équivalent de Hadés dans le panthéon des dieux grecs.
Hadés est le 3ème fils de Cronos et de Rhéa qui, comme le reste de sa fratrie, fut dévoré dès sa naissance par son père puis délivré par Zeus, son frère. Quand les dieux procédèrent au partage de l’Univers, le ciel fut attribué à Zeus, les océans à Poséidon et Hadès reçut le monde souterrain des Enfers.
Dieu impitoyable dans son royaume où l’on ne descend qu’une seule fois, sauf rares exceptions, Hadès se montre pourtant clément envers les Dieux et les mortels ; il aide parfois Athéna, Hermès et Persée en leur prêtant son casque qui les rend invisibles.
Les anciens Grecs n’ont pas de temple ou d’autel à lui consacrer et les sacrifices d’animaux noirs qui lui sont offerts en nombre pair ont lieu la nuit. Hadès est réputé laid, il est si sévère et son royaume si triste, qu’aucune femme ne consentit à partager sa couronne. Il est conseillé et inspiré par Aphrodite pour entreprendre l’enlèvement de la jeune Coré (la fille) ou Perséphone et la ravir à sa mère Déméter qui veut dire « la terre-mère », déesse de l’agriculture et des moissons, afin de remédier à sa solitude. Il veut en faire la déesse des Enfers, qu’elle règne à ses côtés dans le monde souterrain et qu’elle devienne la « Prêtresse des Initiations ».
Comme la plupart des Dieux, la personnalité d’Hadés est ambivalente et,s’il est redouté dans son royaume des ombres, il est aussi apprécié sous le nom de Pluton dont l’étymologie dérive du grec ploutos qui signifie « richesse, abondance des biens ». Pluton appartient à une racine indo-européenne pleu qui veut dire « couler, se répandre, inonder » comme la pluie, plovia en latin, qui favorise les moissons abondantes.
Pluton est une divinité chthonienne pour les Romains qui continuent à lui sacrifier des animaux au Temple de Veiovis (divinité infernale). Il est décrit comme « le Prince des Ténèbres », tout vêtu de noir, portant un casque sur la tête, le présent des Cyclopes, dont la propriété était de le rendre invisible ; lorsqu’il porte cette armure, on le surnomme Orcus, « le ténébreux ». Il paraît souvent assis sur son trône d’ébène ou de soufre, tenant tantôt un sceptre de la main droite, tantôt des clefs, pour exprimer que les portes de la vie sont fermées sans retour à ceux qui parviennent dans son empire. Il sillonne Terre et Ciel sur son char d’or attelé à 4 chevaux plus noirs que l’ébène. Il est secondé par Cerbère, le chien à 3 têtes, gardien incorruptible des Enfers dont l’entrée est interdite aux mortels, qui empêche les morts de s’échapper de l’antre d’Hadès et les vivants de venir récupérer certains morts ; seuls quelques héros parviennent à déjouer sa vigilance par la ruse. L’un des attributs qu’on voit le plus souvent auprès de lui, c’est le cyprès, dont le feuillage sombre et lugubre a toujours semblé consacré à la mélancolie et à la douleur. Ceux qui lui étaient dévoués, en étaient couronnés, et les prêtres de ce dieu portaient toujours des vêtements parsemés de feuilles de cet arbre.

Pluton/Hadès illustre plusieurs mythes mettant en lumière « la Descente aux Enfers » ou la métamorphose de la Conscience.
Les 3 mythes suivants décrivent symboliquement le processus de réparation, de guérison qui découlent du pardon et du lâcher-prise.

L’inconscient collectif… semble être constitué de motifs mythologiques ou d’images primordiales, raison pour laquelle les mythes de toutes les nations sont ses véritables représentants. En fait, toute la mythologie pourrait être considérée comme une sorte de projection de l’inconscient collectif. Nous pouvons voir cela plus clairement si nous regardons les constellations célestes, dont les formes à l’origine chaotiques sont organisées par la projection d’images. Ceci explique l’influence des étoiles comme l’affirment les astrologues. Ces influences ne sont que des perceptions inconscientes et introspectives de l’inconscient collectif.

C.G.Jung

Le Mythe d’Inanna

C’est le mythe le plus anciens et un hymne sumérien raconte la descente aux Enfers de la déesse Inanna qui abandonne ses atours royaux pour se délester de tout signe de pouvoir ; elle subit de fait l’ultime rite de transformation qui est de mourir à elle-même pour pouvoir renaître plus complète et plus authentique. Elle est soumise à l’expérience de la descente dans une dépression plutonienne solitaire et terrifiante, il est indispensable de toucher le fond, seul, pour rencontrer ses forces vitales cachées au plus profond ; c’est en retrouvant le rythme profond et instinctif de la vie que l’on peut retrouver son âme.

Le Mythe de Perséphone

La Reine des Enfers, que les Romains appelle Proserpine, est connue sous le nom de Coré (Perséphone) dans l’Hymne à Déméter où Homère raconte l’histoire de son enlèvement par Hadès.
Fille de Zeus et de Déméter selon la tradition la plus répandue, l’innocente Coré (Koré veut dire jeune fille vierge en grec), d’après le mythe, cueillait des fleurs dans les prés avec ses amies. S’éloignant de celles-ci, attirée par un ravissant narcisse, elle se pencha pour le cueillir lorsque la terre s’entrouvrit et Hadès surgit de ses entrailles pour enlever Coré terrifiée, afin de l’emmener vers son royaume souterrain. Ses appels au secours alertèrent Déméter qui se précipita pour sauver sa fille déjà disparue. Pendant 9 jours et 9 nuits, elle la chercha par monts et par vaux, sur terre, sur mer, en oubliant de manger et dormir. A l’aube du 10ème jour, Déméter rencontra Hécate (la déesse de la Lune) qui l’amena consulter Hélios, le dieu Soleil, la sentinelle des Hommes et des Dieux : il lui révéla qu’Hadès avait kidnappé sa fille pour en faire sen épouse. Zeus avait donné son accord considérant qu’Hadès était un bon parti pour sa fille. Outrée par la trahison de Zeus, Déméter décide de se venger, la déesse de la terre fertile, du blé et des moissons, laisse les champs à l’abandon et menace de détruire la race humaine par la famine. Zeus fut obligé de dépêcher Hermès auprès d’Hadès pour qu’il consente à rendre Perséphone à sa mère. Mais avant de laisser partir Perséphone séduite et amoureuse, le Dieu des ténèbres lui offrit quelques graines de grenade qui symbolisent l’initiation aux mystères du royaume des ombres. En les goûtant, elle rompit le jeûne qui était le loi des Enfers et empêchait ainsi un retour définitif parmi les vivants La ruse d’Hadès rendit inévitable la négociation d’un compromis pour mettre fin à la vengeance de Déméter. Zeus décréta que Perséphone passerait la moitié de l’année, le printemps et l’été fertiles avec sa mère et l’autre moitié, l’automne et l’hiver stériles avec son ténébreux époux.
La déesse présente l’ambivalence entre Coré, jeune fille naïve, vierge et candide sous la protection d’une mère toute puissante d’une part, et d’autre part Perséphone, prénom formé de pérsis, « le saccage » et de phonos, « le meurtre », Reine des enfers, femme ravie, séduite et initié par Hadès et qui acquiert le pouvoir de guider les ombres dans le royaume des ombres. Grâce à l’action d’Hadès, la naïveté fait place à la maturité, l’innocence à la connaissance et la superficialité à la profondeur.

Le Mythe d’Orphée

Orphée charmait les Dieux et les Hommes avec sa lyre reçue d’Hermès. Après bien des péripéties, il tomba amoureux de la nymphe Eurydice qu’il épousa. Le jour de ses noces, Eurydice voulut faire ses adieux à la forêt qu’elle allait quitter pour suivre son époux et elle s’éloigna du banquet. Poursuivi d’un prétendant qui exigeait d’elle un baiser, elle éconduit ses avances en s’enfuyant dans les fourrés. Dans sa fuite, Eurydice déboucha sur un champ d’oliviers où elle fut mordu au pied par un serpent au venin mortel qui disparut dans une faille du terrain. Parti à sa recherche, Orphée ne pouvait se rendre à l’évidence que sa chère disparue errait parmi les morts au royaume d’Hadès. Fou de douleur et bien décidé à retrouver son Eurydice, il pria les dieux de le laisser descendre dans les profondeurs de la Terre pour en ramener sa tendre épouse. Les dieux acquiescèrent à sa requête ; transporté par l’amour d’Eurydice, Orphée s’enfonça confiant au royaume d’Hadès et de Perséphone. Les accord de sa lyre et la poésie de son chant d’amour lui ouvrait le chemin en charmant tous les obstacles sur son passage, faisant même jaillir une larme dans l’œil d’Hadès. Face au pouvoir lyrique d’Orphée, Hadès lui accorda de reconduire sa douce Eurydice au pays des vivants à la seule condition de ne jamais se retourner pour voir ou pour parler à sa bien-aimée, tant qu’il n’aurait pas terminer son ascension vers la lumière.
Brûlant d’envie de serrer son bonheur retrouvé, oscillant entre l’euphorie et la désolation, Orphée prit le chemin du retour vers la liberté. Le silence l’oppressait, ne voyant pas si Eurydice le suivait vraiment ; au dernier moment il douta de la compassion d’Hadès, de la patience d’Eurydice et de lui-même et se retourna. Eurydice était là, belle comme le jour naissant, lui criant « qu’as-tu fait ? » avant de disparaître pour toujours. Le Seigneur des ténèbres resta sourd aux supplications d’Orphée et ne lui donna pas un seconde chance. L’histoire d’Orphée se poursuivit dans un deuil inconsolable jusqu’à ce qu’une ménade, jalouse et enragée du désintérêt d’Orphée pour la gente féminine, se rua sur ce dernier pour lui trancher la tête, qu’elle jeta ensuite dans la rivière, tandis que les lèvres d’Orphée continuaient à scander le nom de sa bien-aimée.
Le mythe d’Orphée éclaire l’intégration des symboliques de Neptune et de Pluton, symbole du conflit entre les forces vivifiantes de l’amour et l’inexorabilité de la mort, l’amour et la mort étant les forces qui dynamisent la vie. Neptune symbolise la confiance absolue dans la perfection de l’amour divin, avec l’espoir de vivre cet amour parfait incarné dans l’amour humain. Le symbolisme de Pluton rappelle que toute énergie se transforme, que l’amour n’est pas éternel, que la vie est précaire avec la mort au bout du chemin. Le bonheur et le malheur s’entrelacent aussi étroitement que des amants.
Le duo Neptune-Pluton est l’octave supérieure du couple Vénus-Mars.

Pluton/Hadès est l’enclave du mystère, du processus alchimique et celui de la mort et la renaissance.

Les Mystères d’Eleusis : le Culte de nature ésotérique

Les mystères d’Eleusis (localité en Grèce) est une voie, dans l’histoire grecque, d’initiation essentiellement silencieuse qui menait à une connaissance dont l’expression en paroles n’était ni nécessaire, ni possible. L’un des mystères les plus importants est lié au culte de Déméter et de Perséphone ; en effet, pendant sa course folle à la recherche de sa fille enlevée, Déméter se reposa à Eleusis. La déesse, déguisée en vieille dame, bénit la terre et enseigna au peuple des rites sacrés, afin qu’il puisse prospérer par la suite. Les mystères d’Eleusis étaient nés. Il semblerait que l’épi de blé, l’emblème de Déméter et Perséphone, fût l’objet de contemplation silencieuse pour les participants des fêtes mystérieuses, « un symbole pour ainsi dire transparent ».
Pluton cultive le silence et la solitude pour entrer dans le mystère de l’étincelle divine qui sommeille en chacun de nous.

Eros, Pathos et Thanatos

Eros « le désir amoureux » ; pathos « la souffrance, la passion », et thanatos « la mort », ces 3 mots hérités du grec, forment un trio décrivant assez solidement la personnalité de Pluton, avec son cortège de séduction, d’obsession, d’attraction fatale, de jalousie, de violence, de manipulation, de perversité mais aussi de ravissement, de révélation, d’illumination, d’initiation et de transformation.
Tomber amoureux sous l’influence plutonienne ressemble à une « descente aux enfers », les amoureux étant en proie à des pulsions obscures et sombres de leurs inconscients. Pluton, l’octave supérieur de Mars, et les amours plutoniens dessinent plus un champ de bataille qu’une joute d’amour courtois.

Le Phénix ou Renaître de ses Cendres

Le mythe du Phénix, l’oiseau légendaire d’origine égyptienne et indienne qui est le symbole de l’immortalité, correspond à l’élément rédempteur des richesses cachées évoquées par Pluton.
Cet oiseau fabuleux ressemble à un aigle qui serait de couleur rouge et or. Selon diverses traditions, le Phénix renaît de ses cendres après que ses restes funèbres ont été brûlés sur l’autel du Soleil. Nous renaissons de nos cendres lorsque nous parvenons à vivre les diverses phases de la vie, avec leurs commencements et leurs fins qui font tendre vers l’essence ultime du Soleil.
Il faut pouvoir mourir à ces parts de nous devenues obsolètes, pour pouvoir renaître sur la spirale ascendante d’une vie riche et créatrice.

Pluton : l’Impulsion Régénératrice

Pluton incarne le besoin d’affronter et d’incarner les aspects les plus profonds et les plus sombres de la psyché. Il représente les pollutions intérieures et extérieures. Il a de puissants liens avec le cycle conception-naissance-mort-renaissance où l’énergie renaît, meurt et est renouvelée sans cesse. Il est le processus d’initiation, d’élimination, de régénération et transformation nécessaire à toute quête pour trouver la lumière.

Namaste


22 réflexions sur “Pluton dans la Mythologie Grecque

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s