
Si Zeus voulait écouter les vœux des hommes, tous périraient
Epicure
Car ils demandent beaucoup de choses qui sont nuisibles à leurs semblables
Les Attributs de Zeus/Jupiter
Zeus est le dieu suprême du panthéon grec qui règne sur le Mont Olympe.
Fils du titan Cronos et la titanide Rhéa.
Son culte : Célébration des jeux olympiques antiques à Olympie tous les 4 ans.
Ses attributs : l’Aigle, la Foudre, le Chêne (l’arbre), le Spectre et le Trône. Zeus gouverne le Ciel et la Terre.
Sa dénomination repose sur dy-ēu-, issu de la racine indo-européenne dei- qui signifie « briller ». Elle est également à l’origine du sanskrit द्याउः / dyāuḥ, signifiant « ciel lumineux » ; et du latin diēs, signifiant « jour ». Il exprime la force, l’ambition, la réussite, la maturité, la réalisation des objectifs et le pouvoir.
Zeus est traditionnellement représenté comme un homme de stature imposante, portant une barbe et une chevelure bien fournies, il est assis sur un trône. Il tient dans sa main droite la foudre et dans sa main gauche, une victoire. Son aigle est souvent placé à ses pieds. Dodone, sanctuaire oraculaire, est dédié à Zeus et à la Déesse-Mère honorée sous le nom de Dioné. Les prêtres et les prêtresses du bosquet sacré interprétaient le bruissement des feuilles des chênes prophétiques sous le vent. Ce sanctuaire est situé en Epire sur les pentes du mont Tomaros au sud du lac Pamvotida. C’est le plus vieil oracle grec, d’après Hérodote, remontant au 2è millénaire avant J.C et l’un des plus célèbres avec ceux de Delphes et d’Ammon.
Le jeudi lui est consacré, dies jovis « le jour de Jupiter », ainsi que le mois de juillet. Son métal est l’étain et ses couleurs sont le violet et le pourpre. Le foie est l’organe qui lui est attribué.
Zeus possède un insatiable appétit sexuel qui lui vaut une nombreuse descendance, certains sont des dieux comme Arès, Héphaïstos, Athéna, Apollon, Hermès, Dionysos et encore ; d’autres des héros comme Héraclès, Castor et Pollux. Ses femmes légitimes sont sa sœur Héra, mère d’Arès, Héphaïstos, Llithyie, Hébè et Angélos, et Métis, la mère d’Athéna, et on peut énumérer plusieurs maîtresses à son tableau de séducteur et d’amoureux fougueux : Léto avec qui il a eu Apollon et Artémis ; Maïa, mère d’Hermès ; Alcmène, une mortelle la mère d’Héraclès ; Sémélé, mère de Dionysos ; Danaé, mère de Persée ; Mnémosyne, une titanide avec qui il a eu les 9 muses ; Déméter, son autre sœur, qui est la mère de Perséphone ; et une fois encore, la liste est infinie.
Au Temps de Babylone
Dans les temps reculés anciens, les Mésopotamiens appelaient la planète Jupiter Néberu, et les Babyloniens Mul.babbar ou « l’étoile blanche », en rapport avec son apparition dans le ciel du matin reflétant un augure positif.
La cosmogonie babylonienne donne une vision initiale du mythe jupitérien en la personne du Dieu Marduck, sacré premier roi de commun accord divin. Marduck est le fils de l’astucieux dieu Enki-Ea, le dieu de la sagesse, dont il a hérité la science, la magie et une grande compassion pour l’humanité. Au terme d’une longue guerre, il découpe en 2 la mère des dieux, Tiamat, incarnation de la Déesse du chaos primordial et des mers. Avec son torse et sa tête, il crée les Cieux ; de ses jambes et membres inférieurs, il créa la Terre. De Tiamat, naît l’eau venue en nuages et ses larmes deviennent source. Marduk crée les premiers Hommes. Après avoir vaincu la déesse primordiale Tiamat, Marduk devint le souverain des Dieux. L’institution du pouvoir royal est constituée pour la première fois afin de défendre la sécurité collective dans un moment crucial. A partir de ce moment là, le premier roi des Dieux et des Hommes s’habilla des insignes du pouvoir, dont la tablette du destin, et s’organisa pour établir l’ordre social et les premières lois du royaume. La civilisation prenait le pas sur le chaos originel.
Marbuk devient le pouvoir suprême, absolu et actif incontesté. Le nombre 50 le symbolise ; son animal est le dragon ; la houe, outil de base pour tous les travaux de la terre, ancre le dernier signe de son caractère primitif ; et sa planète est Jupiter.
Zeus et Jupiter conserveront le titre de Roi des Dieux et des Hommes dans les panthéons grec et romain. Ils resteront les garants de la loi du destin et des lois des Hommes, devant lesquelles chacun doit s’incliner pour conserver l’équilibre et l’harmonie du monde.
La Grèce archaïque d’Homère
Zeus prend la tête du panthéon grec comme élément unificateur des divers mythes hérités des peuples indo-européens. Ceux-ci avaient envahi le Grèce depuis le 3ème millénaire et ils avaient infiltré la suprématie de leurs divinités masculines qui allaient de pair avec leur mentalité agressive de cavaliers.
Zeus, dont le nom correspond à l’ancienne divinité indienne Dyaus pitar et à la planète guru, évoque la lumière éclatante du jour. Ce « Dieu le Père » va remplacer et incorporer dans sa saga mythologique le culte de la grande déesse mère qui avait prévalu durant la phase magique jusqu’à la période minoenne (civilisation des îles de la mer Egée).
Fils de Cronos (Saturne) et petit-fils d’Ouranos (Uranus), Zeus appartient à la 3ème génération divine. Il clôt la lignée des Dieux qui avaient commandé au chaos initial de manière temporaire. Il remporte le titre et les fonctions de souverain incontesté dans l’espace et le temps. Même s’il évince son père Cronos, comme ce dernier l’avait fait lui-même avec son père Ouranos, Zeus ne prend cependant pas le pouvoir par lui-même, il est élu par ses pairs comme Maître des Dieux et des Hommes pour succéder à Cronos.
Né de l’union de Cronos et de Rhéa, Zeus est le plus jeune d’une fratrie que leur père a dévorée par crainte de se voir détrôné par l’un de ses fils (c’est ce que lui a annoncé l’oracle). Fatiguée de voir sa progéniture engloutie par leur père, Rhéa se rend en Crête pour accoucher clandestinement et elle confie son nouveau-né à la nymphe Amalthée qui le cache au fond d’une grotte, le nourrit de lait de chèvre et de miel d’abeille. Usant d’une ruse digne de son époux, Rhéa rentre chez elle avec un pierre emmaillotée dans des langes de bébé. Elle présente le paquet à Cronos qui se dépêche de l’avaler comme il avait fait avec les précédents enfants. Pendant ce temps là, Zeus grandit tout seul en Crête et rêve de retrouver ses frères et sœurs agglutinés dans le ventre de leur père. Faisant déjà preuve d’intelligence rusée, Zeus offre une potion magique à son père par l’entremise de sa mère. Le breuvage est un puissant vomitif et après l’avoir absorbé, Cronos régurgite tous ses enfants dévorés : Hestia, Hadès, Déméter, Héra et Poséidon qui s’allient tous avec leur frère libérateur. Après s’être vu octroyé le Ciel, Zeus s’empresse de partager la Terre, la Mer et le Monde Souterrain avec ses frères et sœurs : il donne les mers à Poséidon et le monde souterrain, des enfers et des morts à Hadès ; avant de déclarer la guerre aux titans soutenus par Cronos, ainsi qu’aux géants qui refusent de le reconnaître comme nouveau maître de l’univers. Après des épopées de combats mémorables dont il sort vainqueur, Zeus assied sa domination et son autorité sur le monde et institue un univers divin hiérarchisé, ordonné, organisé afin de créer une cohésion et offrir la stabilité pérenne. Zeus devient dans ce schéma, celui à qui tous, Dieux immortels autant que Rois et simples mortels, doivent obéissance. Il est hors de question de contester son allégeance et d’échapper à ses desseins. Tout événement bon ou mauvais procède de sa volonté.
Hésiode rapporte que « pour lui, les mortels sont obscurs ou célèbres, forts ou faibles ; d’un orgueilleux il sait faire un humble et d’un humble un exalté ». Cependant Zeus n’échappe pas à la fatalité et est, lui aussi, soumis aux lois du destin immuable qu’il n’a pas le pouvoir de fléchir.
Au Temps de Rome
A Rome, Jupiter est le plus omnipotent de tous les dieux. Honoré comme Divinité du Ciel, de la lumière du jour et du temps qu’il fait, maître du tonnerre et de la foudre, il occupe le temple le plus vaste et faste de Rome. Le trône érigé au sommet du capitole lui est totalement consacré. Selon Virgile, ce lieu était jadis couvert de chênes, le végétal dédié à Jupiter, les bergers y percevaient déjà une influence divine. Le chêne qui attire la foudre illustre la fonction jupitérienne, et c’est ainsi que tout endroit frappé par la foudre devient sacré. Le Jupiter du Capitole est l’héritier d’une divinité plus ancienne, le Jupiter Latiaris, divinité protectrice de la confédération des peuples du Latium, célébrée lors des « Féries latines », une cérémonie durant laquelle du sang humain serait donné comme offrande, commémorant l’alliance des peuples. Le sanctuaire s’élevait au sommet du mont Cavo actuel.
Dès l’époque romaine, il y avait au Capitole un sanctuaire attribué à Romulus, où l’on offrait à Jupiter Férétrien, les dépouilles opimes (les armes de tout chef ennemi tué au combat par le chef romain). Jupiter Férétrien est invoqué dans le cadre de signature de contrats et de mariages. Un serment est prononcé appelant Jupiter à frapper à Terre toute personne prêtant faussement serment. La légende rapporte aussi l’hommage d’un Jupiter Stator par Romulus qui avait promis d’élever un temple à l’endroit même où le Dieu arrêterait l’avancée des Sabins (épisode légendaire de l’histoire de Rome) sur le point de gagner leur offensive pour récupérer leurs femmes enlevées par les Romains. Lorsque l’ennemi recula et fut chassé, Romulus tient sa promesse et un nouvel édifice en l’honneur de Jupiter fut érigé au pied du Palatin.
Jupiter, par son pouvoir magique et sa métis royale, est aussi l’allié de Mars et de Quirinus (ancien dieu romain faisant partie, avec Jupiter et Mars, de la triade pré capitoline). Il redonne courage aux soldats romains et leur assure victoire. Le culte qui finira par éclipser tous les autres fut celui que l’on rendait, au Capitole, à la Triade composée de Jupiter Optimus Maximus, très bon, très grand, entouré de Junon (Héra) et de Minerve (Athéna). Jupiter apparaît comme le pouvoir suprême, le « président » du conseil des Dieux, celui de qui émane toute autorité.
Dieu politique essentiellement patricien, Jupiter est garant des lois et des traités. Il organise les relations internationales par l’intermédiaire du collège des Féciaux (dans l’Antiquité, nom donné aux prêtres romains chargés d’intervenir dans les déclarations de guerre et les traités de paix). Son grand prêtre, le flamine (prêtre romain attaché au culte de certaines divinités) de Jupiter, est le plus haut responsable des office religieux. Obligé d’être marié et de ne jamais quitter la ville, il partage son sacerdoce avec son épouse qui est la flaminica de Junon. Leur mariage symbolise l’union du couple divin. Célébré d’une manière des plus solennelles, il ne peut être dissout par le divorce. Couvert d’honneur, le flamine dialis (le prête affecté au culte de Jupiter) est le gardien sacré de Rome sous la protection de Jupiter.
Les empereurs romains se mettaient sous le soutien de Jupiter, certains d’entres eux voulurent passer pour son incarnation. L’empereur Auguste fit élever un temple Jupiter Tonnant pour le remercier de l’avoir miraculeusement protégé de la foudre lors de la guerre livrée en Espagne, tandis que Caligula s’arrogea ses 2 surnoms de « Très Bon, Très Grand ».
Dans chaque cité romaine, un temple est élevé pour y honorer la triade Jupiter/Junon et Minerve. Roi des Dieux, protecteur des Hommes et de l’Etat romain, mandataire du lien politique entre Rome, la cité mère et les cités filles de l’empire, Jupiter contribue à la réussite à tous ceux qui font appel à lui mais il n’hésite pas à foudroyer ceux qui manquent à leur parole. Cette triade qui trône à Rome confirme également le passage d’un système matrilinéaire archaïque vers un système patriarcal, en accordant un rôle éminent et fondamental au féminin en la personne de l’épouse (Junon) et de la fille (Minerve).
Zeus/Jupiter ou le Mythe hautement royal des Dieux et des Hommes
Tenant puissamment la foudre à bras levé mais aussi la flèche prête à partir, ainsi que son aigle royal symbole de sa connexion avec le Soleil et sa suprême autorité, sont les emblèmes de Jupiter « l’Ardent ». La planète Jupiter, la plus grande planète gazeuse du système solaire dépourvue de réelle surface, n’était-elle pas symboliquement un 2ème soleil, n’est-elle pas la planète qui brille le plus dans le ciel après Vénus ?
Ces caractéristiques scellent le pouvoir de Jupiter à relier le Ciel et la Terre en un instant. Il incarne l’union bénéfique de l’esprit et de la matière, de l’imagination et du pragmatisme, essentielle au bonheur des individus et de la société. Jupiter mérite incontestablement le titre du « Grand Bénéfique » du Cosmos, il régit ordre et félicité pour le bien de tous et toutes.
La justice est la base de la société ;
Aristote
Le jugement constitue l’ordre de la société ;
Or le jugement est l’application de la justice.

30 réflexions sur “Jupiter dans la Mythologie Grecque”