
L’animal , qui est dans l’Homme, sa psyché instinctuelle, peut devenir dangereux lorsqu’il n’est pas reconnu et intégré à la vie de l’individu. L’acceptation de l’âme animale est la condition d’unification de l’individu et de la plénitude de son épanouissement.
C.G.Jung « L’Homme et ses Symboles »
La représentation animale est antérieure à la représentation humaine. Le symbolisme des animaux concerne les animaux dans leur capacité à désigner, à signifier, voire à exercer, une influence en tant que symbole. L’animal en général a son symbolisme et représente l’instinct, le lion représente par exemple la majesté, le corbeau l’intelligence. L’animal dans sa valeur totémique rejoint le « sacré » et de nombreux rituels présents dans les temps préhistoriques relatent son caractère extraordinaire.
En fonction de sa race et du monde dans lequel il s’exprime – terrien, aérien ou aqueux – chaque animal a sa particularité et une identité bien précise. Son symbole et l’exploitation de celui-ci découlent donc de ces situations et de ses spécificités. Il est évident que la signification, la fonction et la projection archétypale du serpent ne sont pas celles de l’oiseau.
La culture judéo-chrétienne a bien insisté sur le fait que l’animal est « la bête » qui existe en chacun, la partie pulsionnelle et instinctive, la libido. À travers son œuvre, Freud développe et associe d’ailleurs l’animal et l’animalité à la sexualité. Grâce à la psychanalyse et l’esprit de certains, dont C.G.Jung, l’animal comme l’oiseau, le serpent, la tortue, l’aigle ou la colombe, devient un archétype précis qui, par l’intermédiaire de métaphores particulières, permet d’illustrer, afin de l’intégrer, une partie profonde de la personnalité : celle concernée par l’instinct.
Les forces vitales qui habitent l’Homme, ainsi que ses désirs les plus ardents ou les plus refoulés s’expriment dans ses représentations animales. La nature complexe de ces images qui apparaissent dans le Tarot, dans le rêve ou dans les créations personnelles, sont le reflet des pulsions les plus puissantes et les plus secrètes. Le thème de l’animal est si riche en retentissements symboliques que l’on peut l’évoquer et le développer totalement.
Dans le Tarot, on observe les animaux suivant :
*l’Aigle dans les arcanes III (l’Impératrice), IIII (l’Empereur) et XXI (le Monde)
*le Cheval avec l’arcane VII (le Chariot)
*les Animaux créatures avec l’arcane X (la Roue de Fortune)
*le Lion avec les arcanes XI (la Force) et XXI (le Monde)
*les Humains aux attributs d’animaux avec l’arcane XV (le Diable)
*l’Oiseau avec l’arcane XVII (L’Etoile)
*le Chien avec l’arcane XVIII (la Lune)
*l’Ecrevisse avec l’arcane XVIII (la Lune)
*le Taureau avec l’arcane XXI (le Monde)
L’Aigle : Pouvoir et Puissance

L’Aigle est l’équivalent céleste du Lion. Défini comme le roi des oiseaux, toutes les traditions l’associent au Soleil et en font l’incarnation de la puissance cosmique. Depuis la nuit des temps, on confère à ce rapace des qualités extraordinaires, en référence à sa royauté sur l’espace aérien et à sa capacité de défier le Soleil. De manière universelle, les dieux, les grands héros, les rois ou les chefs, s’assimilent à sa force en le choisissant comme attribut. À ce titre, il est l’oiseau favori de Zeus, l’un des symboles du Christ, la monture de Vishnou, l’emblème de César et de Napoléon.
En tant qu’oiseau solaire, l’Aigle est appelé « oiseau de feu » qui, seul, est supposé pouvoir soutenir de son regard perçant les ardents rayons du soleil. Son association avec le serpent contribue à cette signification en constituant un couple d’opposés complémentaires : l’Aigle y figure la lumière, le Ciel, les forces supérieures ; et le serpent, l’obscurité, la Terre, les forces chtoniennes. L’Aigle, se nourrissant de serpent, incarne idéalement le triomphe du Bien sur le Mal. Animal psychopompe, il est aussi chargé d’accompagner les âmes lors de leur passage du monde des vivants au monde des morts. Il est aussi un oiseau augurale dont les anciens interprétaient le vol. L’Aigle est l’un des 4 constituants du sphinx. Dans la représentation courante, ses ailes demeurent replier. Elles sont donc protectrices, symbolisant le secret, et se rapporte au verbe : se taire.
En psychologie, l’Aigle est l’archétype du père. Il incarne l’autorité, le pouvoir, la puissance, parce qu’il règne en maître absolu et incontesté sur son territoire où il affiche aucune faiblesse.
Le Cheval : l’Energie pulsionnelle

Animal solaire, le Cheval personnifie l’énergie pulsionnelle : libre et dangereuse quand il est à l’état sauvage, liée et contrôlée quand il est domestiqué. Le Cheval, par sa puissante musculature et son caractère fougueux, symbolise l’inconscient, la force du désir, l’énergie libidinale. Le dompter, c’est maîtriser les pulsions internes. C’est dans ce sens symbolique qu’il faut comprendre l’assertion selon laquelle » le Cheval est la plus belle conquête de l’Homme ». Il exprime la victoire de l’esprit sur le sens et la domination des pulsions. Dans la tradition, le Cheval est un compagnon indispensable à la réalisation humaine. Il est la monture des messagers divins, des chevaliers ou des guerriers spirituels. Il assiste l’Homme dans son travail profane ou sacré. Des travaux des champs au champ de combat, le cheval est omniprésent. Il assure la subsistance de l’Homme autant qu’il sert son ambition. Il l’accompagne dans son existence ordinaire aussi bien que dans sa quête spirituelle. Il est un agent pacifique guerrier. Indissociable du prince charmant, il est aussi le symbole de la séduction, du désir et de la passion maîtrisée. Le Cheval a parfois une fonction psychopompe, guidant les âmes jusqu’à leur séjour dans l’au-delà. La couleur de la robe du Cheval précise souvent sa valeur : positive lorsqu’elle est blanche, négative lorsqu’elle est noire. Cette règle n’est pas systématique mais c’est suffisamment généralisé pour que les Chevaux blancs servent le Bien s’opposant aux Chevaux noirs, les montures du Mal.
Sur le plan psychologique, le Cheval est essentiellement lié à la libido. Il trouve un écho inconscient et alimente toute une série de fantasmes. Personnifiant la force, la puissance, la vérité, il met en œuvre les pulsions sexuelles et correspond notamment à la thématique phallique.
Le Lion : Souveraineté, Energie Solaire

Animal solaire, le Lion symbolise universellement la royauté, la puissance et la noblesse ; alors que dans son aspect négatif, il incarne l’orgueil et la présomption. Expression idéale de la force de la nature, le Lion, par sa Majesté, sa prestance et sa crinière qui évoque l’astre solaire, est traditionnellement associé aux plus grands Dieux, héros et rois. Donné comme maître des animaux, le Lion illustre le pouvoir temporel et l’autorité matérielle et morale. Il se retrouve ainsi à plusieurs niveaux du symbolisme, mais conserve toujours le même sens. Il est intéressant de noter que le symbolisme du Lion, très présent dans la mythologie égyptienne, grecque et hindoue, est fréquemment associée à la féminité, puisque ce sont presque toujours des déesses qui sont représentées sous cette apparence (Le Tarot ne manque d’ailleurs pas à cette tradition puisque le lion est associée à une figure féminine : la Force). On peut penser que l’assimilation du Lion et de la femme accroît la puissance de cette dernière, révèle sa force redoutable et exprime sa souveraineté dans la fonction qui lui est attribuée. Dans un autre registre de sens, le Lion intervient au cours du combat du Bien contre le Mal. Il est ainsi dans les mythes grecs, la figuration du mal : adversaire d’Héraclès, dans le premier des 12 travaux au cours duquel il doit affronter le Lion de Némée. Le Lion est, en revanche, instrument du Bien dans une légende hindoue puisqu’il compte au nombre des avatars de Vishnou, il en est le quatrième. C’est sous la forme d’un homme-lion que le Dieu parvient a tuer le Titan qui cherche à détruire le monde.
L’Oiseau : l’Âme Humaine

Constituant un thème symbolique très riche, l’Oiseau représente l’âme dans sa nature aérienne, sa fluidité et sa subtilité. Les sens attribués se nuancent néanmoins en fonction de la spécificité de chaque oiseau. Affranchi de la pesanteur par la possession d’ailes, les Oiseaux représentent l’immatérialité, la transcendance et le détachement de l’enveloppe terrestre. Appartenant au monde céleste, il figure l’élévation, les degrés supérieurs de conscience, la spiritualité. Les Oiseaux possèdent la connaissance, comprendre leur langage est un signe de sagesse. Les Oiseaux, investis de la connaissance spirituelle, délivrent aux Hommes leurs enseignements et la parole divine. Ils sont aussi les médiateurs d’élections entre les Hommes et les Dieux, entre la Terre et le Ciel, entre le Bas et le Haut. Dans de nombreux récits sacrés, les Oiseaux symbolisent les libérateurs et les sauveurs de l’Humanité, sous la forme de l’Oiseau Messager, ou de l’Oiseau attribut monture des Dieux, placé au service du Bien et triomphant du Mal. Confirmant ce sens, l’Oiseau est fréquemment opposé au serpent. Ils constituent tous 2 un couple d’opposés complémentaires : le serpent symbolise le monde souterrain, voire infernale, et l’Oiseau le monde céleste. Ce thème de l’Oiseau du Bien s’incarne essentiellement dans les images du Phénix, de la Colombe et de l’Aigle. Les Oiseaux, alliés des Dieux, les aides dans leur mission de création ou de civilisation. Il est donc naturel que les Oiseaux sur lesquels sont projetés tant de pouvoirs et de vertus soient des éléments actifs dans les charmes magiques et les croyances superstitieuses.
L’Ecrevisse : le Travail Intérieur

Étroitement associé à la Lune, les Ecrevisses évoquent la gestation, le cheminement initiatique autant que la lente et pernicieuse dégradation des éléments physiques ou spirituels. La singularité de son déplacement, latéral et non frontal, associe l’Ecrevisse à la notion d’inconstance, c’est un indice d’indécision et d’indétermination. Il est à ce titre relié symboliquement à la Lune dans ses aspects de variabilité de cyclicité. De fait, l’Ecrevisse, comme le Cancer, le signe zodiacal, sont l’emblème de la Lune qui est la gouvernante de ce signe.
Le Chien : le Guide et le Gardien

Animal domestiqué depuis la nuit des temps, le Chien a un rôle de gardien de la maison, du troupeau, d’auxiliaire du chasseur, de compagnon de l’Homme et de guide pour non-voyants. Ces mêmes qualités lui sont attribuées sur le plan symbolique. Il apparaît, dans de nombreuses légendes ou représentations mythiques, comme le gardien des lieux sacrés, des temples ou des portes des enfers. Un lien symbolique étroit et privilégié unit le Chien à la mort. Il est dans de nombreuses traditions le gardien des portes de l’autre monde. Le Chien a aussi une fonction psychopompe c’est-à-dire de guide qui accompagne les morts dans l’au-delà. Le Chien aide aussi les divinités à se défendre contre les esprits inférieurs. D’autres vertus sont reconnues au Chien, tantôt au niveau profane ou niveau sacré, comme l’obéissance, la fidélité et l’attachement. Le Chien est capable de manifester ses émotions notamment par ses aboiements, les mouvements de sa queue, ses démonstrations affectives ou agressives. Il est aussi, selon les croyances, pourvues d’un 6ème sens et d’une perception intuitive. La pensée superstitieuse lui attribue en effet des pouvoirs particuliers. La dualité chien/loup, allégorie de l’opposition jour/nuit ou lumière/ténèbres, valorise le chien par rapport au loup. Le Chien y manifeste les forces positives ; les loups, les pulsions inférieures et maléfiques.
Le Taureau : la Puissance Divine

Le Taureau représente la force, la vigueur, la virilité, les pulsions sauvages et inconscientes. Symbole lunaire dans les différentes traditions, il n’en manifeste pas moins également la Terre, la matérialité et la solidité. Animal sacré, il est l’emblème de l’apparence de nombreuses divinités. Il évoque leur puissance spirituelle autant que l’importance de leur pouvoir. C’est surtout le Taureau blanc qui est valorisé parce qu’il conjugue la puissance, due, à sa masse imposante et la pureté, due à sa couleur. Il est par excellence le Taureau lunaire, maître de la Terre et du Ciel. Il est attribué au dieux suprêmes et au dieux guerriers. Il est le maître, le chef, le roi, et pour cette raison, la confrontation au Taureau, telle qu’on la trouve dans la corrida est la marque de l’héroïsme le plus grand. On a d’ailleurs pour exemple Héraclès, combattant le Taureau. L’épreuve à laquelle il se soumet n’est pas uniquement d’ordre physique mais revêt une signification psychologique. En triomphant, il témoigne de la domination des instincts, de la maîtrise de ses sens et de ses pulsions. Selon la légende cosmogonique perse, le premier animal du monde était un Taureau blanc. Il fut tué par le démon Angra Mainyu et sa semence, purifié par la Lune, donna naissance à la plupart des espèces animales, et même de certains végétaux. Son importance symbolique est encore attestée dans le fait que le Taureau est l’un des 4 composantes du sphinx : le Taureau correspond à la force physique ; le Lion, la force émotionnelle ; l’Aigle, à la force intellectuelle et l’Ange à la force spirituelle. Les correspondances sont identiques pour les 4 évangélistes, c’est Saint Luc qui est symbolisé par le Taureau. Les Égyptiens accordaient au Taureau une très large place dans leur panthéon en le considérant soit comme l’incarnation favorite de leurs divinités, soit comme leur animal consacré.
Tant qu’un humain n’a pas aimé un animal,
Sagesse Tarologique
Une partie de son âme reste endormie
L’Animal consacre la dimension pulsionnelle de l’Homme. Il est utilisé à des fins symboliques pour représenter les caractéristiques particulières des Dieux ou des Hommes. Considéré à l’identique de l’Homme, de nombreuses traditions octroient une âme aux Animaux. Intervenant comme des éléments structuraux dans les récits cosmogoniques, ils revêtent un réel pouvoir et sont soit les alliés, soit les adversaires de l’humain dans son développement et dans son évolution. Dans son utilisation symbolique poétique ou allégorique, l’Animal est rarement considéré en tant que tel, mais exprime bien la dimension instinctive et passionnelle de l’Homme, dans sa nature positive d’appartenance à la Terre, dans sa nature négative d’assujettissement aux sens et aux passions. Les Animaux permettent ainsi par la diversité de leurs attributions de sens, une vision microscopique de l’univers comme de l’Être Humain.
Sur le plan psychologique, la charge symbolique et affective est clairement manifestée dans les phobies qui ont pour objet un animal. L’Animal revêt une signification spécifique pour l’inconscient et constitue un symbole terminant une chaîne de représentation. En tant que symbolique libre, incontrôlée, instinctive, la part animale humaine est sans doute la crainte pour « l’homme civilisé » d’être submergé par la dimension primitive de celle-ci et somme toute naturelle.

3 réflexions sur “Le Tarot et la Symbolique du Monde Animal”