
« L’esprit féminin est une terre qui attend la semence. C’est le sens du transfert. C’est toujours le plus inconscient qui reçoit du plus conscient la fécondation spirituelle. »
C . G . Jung
L’anima du latin signifie « souffle, âme » est, dans la psychologie jungienne, la représentation féminine au sein de l’imaginaire de l’homme. Il s’agit d’un archétype, donc d’une formation de l’inconscient collectif, qui a son contraire chez la femme sous le mot animus.
Cet archétype se manifeste tout au long de la vie, projeté inconsciemment, d’abord sur le parent du sexe opposé, puis sur les personnes rencontrées auxquelles sont alors prêtées les caractéristiques de cette image.
Dans la psyché masculine, l’anima est toujours plus ou moins associé à la figure maternelle et au possible retour aux origines. Ceci dit, la pensée jungienne n’est pas toujours reliée à la l’archétype de la mère. Pour exprimer les niveaux les plus dévastateurs et passionnés et ceux idéalisés ou sublimés de l’anima, l’inconscient de l’homme garde enfoui diverses identités féminines. On retrouve ainsi pêle-mêle les femmes fatales, les déesses les plus belles, les amazones, les sorcières, les fées, les héroïnes et d’autres visages plus élevés inaccessibles comme la Vierge chrétienne ou des Saintes. En fonction des cultures, des civilisations ou des époques, ces illustrations sont variables. Dans une démarche constructive et positive, c’est par l’intermédiaire de certaines de ces représentations que l’homme découvre et intègre un état perceptif plus subtil lui permettant de développer des qualités d’empathie et de compréhension intuitive. Ces facultés dites féminines, lui offrent la possibilité d’élargir son champ de conscience et son psychisme tout entier. Ces parts féminines sont profondément cachées dans l’inconscient de l’homme et avant d’atteindre une expression évoluée généreuse et aimante, elle se manifeste par le travers et les insuffisances inhérentes à la nature féminine, c’est-à-dire la dépendance affective, des attitudes capricieuses ou des sautes d’humeur.
En fonction de la qualité du « moi » et de son stade d’évolution, Jung évolue 4 niveaux de représentation de l’anima.
*Premier niveau : L’intérêt masculin est dirigé vers le corps féminin. Dans une démarche positive, apparaît l’image de la femme primitive telle que Eve ou Vénus. Dans une démarche négative, se dévoile les femmes fatale, Lilith ou des sirènes.
L’homme se trouve à la merci de ses affects et de ses pulsions et ne peut pas prendre de recul. Il est envahi par les images son anima qui décide à sa place, le « moi » étant sous domination de ces instances perturbantes.
*Deuxième niveau : s’effectue par des projections vers une femme d’action ; le besoin de rapport de force, de rivalité est ici stimulant pour l’imaginaire. L’agressivité n’est jamais très éloignée de ce schéma. La projection est nourrie par des figures d’héroïnes, d’espionnes et de femmes guerrières comme Diane, la chasseresse.
*Troisième niveau : Les projections de ce niveau, s’élèvent et s’appuient sur la sublimation du sentiment. La projection est toujours positive mais elle fait courir le risque de confondre ce schéma avec l’archétype supérieur de la Grande Mère. Un anima dominant peut ôter à l’homme sa propre puissance et son expression personnelle. On est ici dans les projections de déesses mères comme Déméter, d’Isis, de la Vierge Marie.
*Quatrième niveau : L’anima est vécu ici à son plus haut niveau, c’est celui de la sagesse transcendante. La dimension du féminin peut entrer en étroit contact et collaborer avec la dimension du masculin. L’anima devient alors un véritable partenaire du « moi » dans sa complémentarité. La complétude offre un réel équilibre psychisme tout entier. A ce stade se dévoilent les grandes initiatrices comme Athéna ou la Sofia.
L’élaboration et l’atteinte de ces différentes qualités d’expression demandent beaucoup de temps, de patience et d’engagement personnel. La recherche et la conquête d’une femme perdue s’avère être une véritable aventure pour la psyché masculine.
« Ma vie est l’histoire d’un inconscient qui a accompli sa réalisation »
C . G . Jung

Namaste
Source : Carole Sédillot ; pédagogue jungienne. Elle est conférencière, formatrice en symbolique et mythologie. Elle œuvre à une diffusion de la psychologie jungienne, mieux nommée psychologie des profondeurs.
8 réflexions sur “L’Anima selon C . G . Jung”