
Qu’est-ce que le « moi » ?
C . G . Jung
Le « moi » est une grandeur infiniment complexe, quelque chose comme une condensation et un amoncellement de données et de sensations, c’est avant tout, le centre de la conscience.
La conscience que j’ai de « moi » est évidente dans le fait de savoir que « je ne suis pas toi ».
Le « moi », revêtu des habits de la persona, est le centre de la conscience et le sujet de tous les actes conscients. C’est à partir d’un ensemble d’éléments de représentation possédant un haut degré de continuité que se forme le sentiment d’identité.
C . G . Jung détermine que le « moi » ne peut se confondre avec la totalité de la psyché. Le « moi » n’est que le sujet de la conscience, sans impliquer l’inconscient et, de ce fait, ne représente pas une intégralité. Le « moi » n’est pas le Soi ; en effet, ce dernier inclut la psyché dans sa globalité. Le Soi contient le « moi », le « moi » étant un moyen pour aller vers le Soi.
L’Être humain ne s’élance dans sa vie et dans le monde que s’il est connecté à son « moi ». Si cette connexion n’est pas établie ou défectueuse, le désordre psychologique s’installe, le psychisme est alors en proie avec des monstres et des délires qui viennent de l’inconscient. Le « moi », de fait, est donc la condition nécessaire et essentielle de la vie et de la survie de l’Être, son équilibre psychique en dépend, le « moi » représente le 1er lieu de l’édification et de la solidité de l’Être. C’est en partant du « moi » que le processus de croissance, la découverte et la rencontre des partenaires peuvent s’effectuer.
« Le moi est doté d’un pouvoir, d’une force créatrice, conquête tardive de l’humanité, que nous appelons volonté ».
C . G . Jung
Le « moi » dans son caractère le plus évolué soit le plus conscient, envisage le contact avec les forces de l’inconscient. Cette confrontation ne s’avère positive que si elle est soumise au conscient. C’est alors que s’opère le rapport des contraires entre eux, ouvre la voie à un 3ème élément fondamental de la pensée de Jung, qui est la « fonction transcendante ». Cette fonction est exclusivement conduite par le « moi » et propose la conjonction des opposés, soit l’intégration des valeurs de l’inconscient à celle du conscient. Cette mission conciliatrice est indispensable au processus d’individuation, le « moi » comme ligne de démarcation, devient la charnière d’articulation des pôles du conscient et de l’inconscient.
« Le moi est autant qu’on puisse en juger, une unicité individuelle qui demeure identique à elle même dans une mesure déterminée. »
C . G . Jung
La structure du « moi » peut être finalisée mais ses continus ne le sont jamais. En tant que centre du conscient, le « moi » reste doté de toutes les fonctions mentales supérieures, pensées, raisonnement et volonté. Le « moi » possède une existence qui lui est propre et qui l’oblige en permanence à maintenir son équilibre entre le monde intérieur et le monde extérieur. Dans sa tâche d’être efficace et en harmonie, le « moi » et sa conscience se doivent d’être de bonne nature , soit libres, autonomes et indépendants. Il doit surveiller à nourrir sa cohérence, le « moi » n’a pas le droit de s’identifier ni à ses polarités contraires, ni à son but, ni à ses objectifs. Le « moi » ne devient pas le Soi, il se dirige vers lui. Prendre sa place et une attitude très audacieuse et quelque peu arrogante induisant un comportement inflationniste mettant la confusion et l’obscurité sur le cheminement du processus de mise en lumière. L’ être cohabite plus ou moins facilement avec son « moi » et avance par la voie du processus d’individuation vers le Soi. Le « moi » peux se manifester de mille manières, fort ou faible, tyrannique ou diplomate, doux ou dure, il représente dans ses différentes qualificatifs une structure qui lui permet ou non, d’une manière bonne ou mauvaise de relier le conscient à l’inconscient.
« Il faut entendre par « moi » l’élément complexe auquel se rapporte tous les contenus conscients. Il forme en quelque sorte le centre du champ de la conscience et, en tant que celui-ci embrasse la personnalité empirique, le « moi » est le sujet de tous les actes conscients personnels ».
C . G . Jung
Les Partenaires du « moi »
Le « moi » (parti de la psyché) emprunte le chemin de l’individuation pour parvenir au terme du voyage, au Soi (totalité de la psyché). Afin d’accomplir ce périple, le « moi » a besoin de compagnons ou de partenaires (définition typiquement jungienne). Le « moi » partant à la rencontre de ses partenaires et face à ceux-ci opte pour des positions diverses et adopte des attitudes et postures variées. L’acceptation de sa persona et en reconnaissance de son ombre, le « moi » reste toujours connecté à son état central, la conscience présente comme une sentinelle éclairée et éclairante. L’accès à l’anima ou à l’animus n’a plus rien à voir avec ce cheminement intellectuel. Il n’est plus question d’observation et de déduction mais d’expérimentation vitale qui met en relation avec la souffrance et le sentiment d’incomplétude.
La persona se révèle comme un pont jeté entre le « moi » et le monde extérieur tandis que l’anima et l’animus se manifestent pour permettre au « moi » de s’orienter vers le plus profond de l’inconscient collectif et d’en dévoiler les archétypes les plus divers sous les traits de figurations féminines ou masculines.
« Il s’agit dans cette expérience de reconnaître « l’autre » à l’intérieur d’un organisme psychique total et en reconnaissant cet autre, se connaître soi-même comme n’étant qu’un fragment de soi ».
Ysé Tardan-Masquelier
Les 8 Types de Personnalités selon Jung
C’est à partir de la relation entre le « moi » et les domaines de l’expérience humaine, entre les mondes du dedans et du dehors, l’objectif et le subjectif, que Jung établit ses types psychologiques, et détermine 4 fonctions conscientes basiques (penser, sentir, pressentir et percevoir) dont dispose le « moi » pour s’orienter et s’adapter « dans le chaos des phénomènes », tout en conservant son intégrité. De ces 4 fonctions, Jung annonce qu’il y a 2 types de caractères, le caractère introverti et le caractère extraverti.
*Type introverti : l’être ne se préoccupe pas de l’effet de ses actions sur son environnement. Il cherche surtout à être satisfait intérieurement, l’intérêt est focalisé sur lui-même, dirigeant sa conduite selon ses sentiments et ses pensées, même si cela va à l’inverse de la réalité extérieure.
*Type extraverti : l’intérêt est focalisé sur la réalité extérieure avant le monde interne, les actions sont menées en fonction de l’extérieur, l’être est suggestible, influençable et a tendance à imiter.
De ce constat, Jung décrit 8 types de personnalités bien distinctes :
*La Réfléchie extravertie : cérébrale et objective, l’action est dominée par la raison
*La Réfléchie introvertie : grande activité intellectuelle présentant une aptitude tenace et obstinée, difficulté de lien
*La Sentimentale extravertie : capacité de compréhension et à établir du lien
*La Sentimentale introvertie : solitaire, mélancolique et action pour passer inaperçue
*La Perceptive extravertie : relation particulière aux objets à qui elle attribue des qualités magiques
*La Perceptive introvertie : typologie artistique, aime le monde de la forme et les expériences intérieures
*L’Intuitive extravertie : grand besoin de stimulation en tout genre, typologie d’aventurière
*L’Intuitive intravertie : grande sensibilité aux stimulations extra subtiles, elle « devine », imaginative, rêveuse et idéaliste.
Le « moi » et les Arcanes Majeurs du Tarot
Le cheminement du Tarot avec ses 22 Arcanes Majeurs peuvent refléter une partie représentative du « moi ». La connaissance approfondie de ces 22 archétypes offre donc l’opportunité d’aller plus loin dans l’apprentissage du « moi ». En fonction de la lame choisie, le « moi » apparaît faible ou fort, structuré ou déstabilisé, soumis ou dominateur. A l’aide de cette approche, il est concevable de travailler consciemment sur le « moi manifesté », afin de le faire évoluer vers sur un autre palier. Pour pouvoir utiliser au mieux cette possibilité de recherche, il est indispensable de quitter la projection et le retour de l’imaginaire, et de se plonger minimum sur le sens et la valeur des arcanes du Tarot.

Namaste
Source : Carole Sédillot ; pédagogue jungienne. Elle est conférencière, formatrice en symbolique et mythologie. Elle œuvre à une diffusion de la psychologie jungienne, mieux nommée psychologie des profondeurs.
18 réflexions sur “Le « Moi » selon C . G . Jung”