
« Un crépuscule est une aube nouvelle, une crête très mince entre le merveilleux et le désastreux. »
Satprem (mot sanskrit qui veut dire : « celui qui aime vraiment »), pseudonyme de Bernard Enginger, est un auteur français,
disciple de Sri Aurobindo. Satprem est notamment l’auteur de Sri Aurobindo et l’aventure de la conscience.
Pluton : le Pouvoir de désintégration
Pluton, le « Seigneur des Enfers », gouverneur du Scorpion, planète de l’occulte, de l’obscur dans l’Être, du pouvoir primitif de l’animal en chaque personne, s’éloigne de 17° (déclinaison) par rapport au plan écliptique (voie suivie dans le ciel par le soleil en 24 heures ; projection du plan de l’orbite de la Terre sur la sphère céleste). Son orbite est particulièrement excentrique et irrégulière, au point qu’en phase de périhélie, Pluton coupe l’orbite de Neptune. La ceinture zodiacale est délimitée par le déclinaison de Pluton, elle est donc située de part et d’autre du plan écliptique sur 34° au total. En profondeur de champ, se dessinent dans cette ceinture, multiples galaxies visibles depuis la Terre organisant le Zodiaque.
La fonction plutonienne, par ses transits, libérerait des blocages, briserait des entraves de « civilisés », nous projetterait face à nous-mêmes pour se remettre fondamentalement en cause. Pluton serait une sorte de « descente aux enfers » avant la résurrection (transgression par Pluton de l’orbite neptunienne). Pluton est « la manifestation du passé antérieur, l’obscurité transmutée en lumière, le charbon qui doit devenir diamant ». (Germaine Holley)
Pluton intervient dans l’expérience humaine par la transmutation de la personnalité qui serait « déviante » et inadaptée aux besoins et mission de l’Âme. Il pourrait provoquer le dépassement des conflits majeurs des désirs jusqu’au dépouillement, voire un cheminement vers la « sainteté » et une réalisation spirituelle. Pluton serait l’agent volontaire, la foudre déterminant la transformation qui dissout les traces de désirs (martiens), le courage et l’acharnement de « se prolonger » en frappant au cœur de ce qui structure le plus l’Être dans le visible : ses amours, ses attachements, ses biens, sa position sociale, ses réussites, ses succès.
Pluton serait « l’événement » décapitant du zodiaque, l’immanence du destin, mettant en application, par la destruction éventuellement, des « dettes karmiques » ou « ce qui doit être ». Si cette hypothèse se vérifiait, il faudrait considérer Pluton comme le signe de la « nécessité karmique » dans le thème natal. Dans ce cas, le poids plutonien serait terrifiant et l’interprétation demanderait alors une extrême prudence et un immense sens de la nuance. »
Irène Andrieu
Le Mouvement Rétrograde de Pluton
Le concept induit par la rétrogradation de Pluton s’inscrit dans une perspective d’évolution. Pluton est rétrograde environ 6 mois par an, concrètement cela veut dire qu’il y aurait la moitié de la population avec un Pluton rétrograde dans son thème. Le profil de ces personnalités se construit sur une « non – acceptation » de l’état actuel des choses avec une volonté prégnante de le remettre en question, voire de le faire « exploser ». Pluton, planète collective et lente (révolution environ 248 ans), assure un processus évolutif sur toute l’humanité.
Le principe symbolique du mouvement de rétrogradation est de redéfinir une fonction planétaire de manière individuelle. C’est donc l’invitation d’utiliser les énergies de la planète à titre personnel, prendre le temps de se codifier selon ses propres critères. Le mouvement rétrograde agit comme un arrêt sur les remises en question profonde sociales, collectives, sur les attentes, les pressions du conformisme, ainsi s’ouvre un champ des possibles afin de revenir au noyau de l’Être, certes dépouillé du maquillage social vénusien (dessiné depuis l’étape Vénus/Taureau et sublimé par l’étape Vénus/Balance), mais dans une incarnation plus pure et sensible. L’étape Vierge avait tenté le processus de purification mais Pluton va plus loin jusqu’au noyau de l’Être, jusqu’au noyau collectif de l’humanité (Pluton a été découvert en 1930 au moment de l’élaboration de la bombe atomique !).
La rétrogradation de Pluton serait la métaphore de l’épluchage d’un oignon (qui fait pleurer !), on ôte les peaux une à une avant d’en atteindre le cœur. Ce mouvement est symboliquement une évolution perpétuelle, elle est collective mais incite la moitié de l’humanité à user de son pouvoir d’action pour faire bouger les lignes, initiant une possibilité d’évolution pour l’humanité. Parallèlement, une dynamique de stagnation et de cristallisation est bloquée par les forces plutoniennes en présence qui luttent contre le pouvoir terrien saturnien.
La rétrogradation de Pluton conduit au désir de retourner à la « Source de l’Âme » et vivre une « évolution accélérée », un processus d’intériorisation peut se mettre en place et un besoin de se « retirer » de l’activité extérieure quand l’Être est en état de conscience. Pluton est le lit des couches profondes de l’inconscient, noyautées par d’autres facteurs de la personnalité, l’impulsion du retour sur soi peut être limitée voire bridée, le désir d’introspection restant en berne comme un vœu pieu ! Ceci dit les forces signifiantes plutoniennes œuvrent, l’Être aura toujours le sentiment qu’une certaine distance le sépare indéniablement des autres.
Avec cet aspect, l’Être ayant un Pluton rétrograde ressent un sentiment plus puissant d’insatisfaction, inhérent aux désirs dualistes de l’âme.
La volonté de pouvoir est tournée vers le « dedans ». Une grande puissance non exprimée compresse et tourmente l’Être. Ce sentiment chevillé à l’âme « souffrante » est inexprimable car non-envisagé dans une réalité conditionnée pour le « politiquement correct » et instaurée par la vénusienne Balance collaborant justement au nom de l’Amour, pour la cohésion sociale, à n’importe quel prix pourvu que ce soit beau : du sang et des guerres, oui, mais que sur des toiles de peinture que l’on regarde, admire ou critique !
Le pouvoir de la rétrogradation plutonienne est de ré-ajuster la « volonté cosmique » à la volonté personnelle par le nettoyage et la purification afin de re-créer une relation saine physique entre l’Esprit et la corporalité. Se dégager de toutes ces couches qui ne nous appartiennent pas, mettre en lumière sa « Conscience – Vérité », se déshabiller de tous ces schémas éducatifs étouffant et brimant, Pluton met les pieds dans le plat quand la coupe est pleine (élément Eau), quand on arrive à l’ultime couche de trop, certes extrêmement fine, mais qui fait exploser le « Tout » !
Le processus nettoyant s’immerge pour faire remonter à la surface toutes les mémoires cellulaires accumulées vie après vie (morts successives). Il s’agit ici de procéder à l’extraction du noyau des vielles mémoires (Uranus) et de les liquéfier dans le grand bassin des déceptions multiples neptuniennes mais surtout les faire brûler afin que leurs substances servent de terreau fertile pour la re-naissance de l’Être après l’Être, soit l’Autre Être ! Des éclairs de métamorphoses propulsent vers un nouvel Être avec une nouvelle chair et un nouvel os qui doivent descendre dans la matière et dans les plus infimes cellules corporelles. L’exploration de l’âme du monde n’est ni philosophie, ni morale, mais bien l’expérience elle-même qui invite l’Être à la rencontre avec le grand « Inconnu ».
« Pour s’élever, il faut d’abord descendre en soi. »
Voltaire
Combat contre les Forces Obscures
Environ 80% de nos comportements sont conditionnées par des forces inconscientes liées à l’accumulation d’anciennes constructions enracinées dans nos désirs et besoins, ils sont en étroite collaboration avec « la sécurité émotionnelle » constituant l’équilibre primaire nécessaire à l’étayage de la personnalité. De facto, un lien de dépendance invisible domine toutes les prises de décisions et actes formulés dans l’existence de l’Être. Il croit naïvement et illusoirement cheminer avec son libre-arbitre, alors que cette dynamique est la source d’une blocage à une future évolution transformatrice.
La révolution de l’âme provoque une pression visant à exterminer les anciens « logiciels » qui assurent le confort dans la matière mais qui négligent les besoins avides (à vide) de l’âme. La prise de conscience de ces conditionnements est la révélation, la base de travail de mutation, certes lente, parfois subtile, mais aussi sûre que la force de l’Amour ! Pluton aime dans l’obscurité !
La confrontation avec Pluton rétrograde oblige l’Être à « accomplir son destin » avec la forte impression que son libre-arbitre est dénié et que les potentiels uraniens volent en éclats. Alors l’Être est emporté dans les tempêtes sauvages et indomptables du monde magique. S’élève face à soi, une puissante volonté comme le « doigt du destin » appuyant sur la conscience et le programme secret intérieur de l’Être. La proposition est la rencontre sans concession de sa liberté, c’est admettre que son épanouissement ne se fera qu’en pactisant, les yeux bandés, avec l’extravagance et l’insondable « maître des enfers », c’est adhérer sans discuter au mystère d’une nécessité irrationnelle gouvernée par un brillant dessein qui assume la charge de ce passage inconfortable et énigmatique, on ne sait pas où on va !
Pluton rétrograde ne devient un guide soucieux et « chaleureux » vers les profondeurs de toutes les cimes que chez les Êtres qui s’abandonnent totalement aux forces bouillonnantes du mystère. Tout le monde n’est pas apte à se laisser perturber et traverser par l’esprit des abysses, mais chacun peut en ressentir les effluves. Comme le qualifie Nietzsche, il suffit de se mettre en posture « d’hallucinés des arrières – mondes ».
« L’Amour du destin est une affirmation dionysiaque. Dionysos symbolise l’éternelle jubilation de la vie dans la splendeur de la puissance. Un tel esprit libéré apparaît au centre de l’univers, dans un fatalisme heureux et confiant, avec la foi qu’il n’y a rien de condamnable que ce qui existe isolément, et que, dans l’ensemble, tout se résout et s’affirme. Mais une telle foi est le plus haute de toutes fois possibles. Je l’ai baptisée du nom de Dionysos. »
Nietzsche parlant au nom de son Pluton rétrograde, maître de son Ascendant
Transmutation des limitations personnelles
Sur un plan psychologique l’Être ressent une grande sensibilité aux courants de violence et de haine qui circulent et s’insinuent dans l’inconscient collectif. Si l’Être est à un niveau de conscience suffisant, il peut apprendre à canaliser ces « courants démoniaques » pour les transformer, s’il reste « embrigader » dans un état « d’inconscience », il sera envahi par des peurs irrationnelles reliées à la maison où loge son Pluton. Par exemple, en Maison 12 : peur inexpliquée par rapport à la rencontre de l’autre ; en Maison 7 : se faire manipuler ; en Maison 2 : angoisse irrationnelle par rapport aux finances ; en Maisons 6 et 8 : peur de la transformation.
Quand la peur est muselée et dépassée par une force intense de vie alors l’ombre de la maison de Pluton devient l’objet de toutes les nécessités et des solutions.
Un Pluton rétrograde dominant dans le thème exige et oblige l’Être à affronter la puissance des métamorphose qui œuvrent au plus profond de son inconscient. Le processus se construit au travers des craintes et frayeurs diffuses, comme quelque chose en soi qui veut imposer son pouvoir malgré soi. L’Être est alors amené à la pleine conscience de la mort et comprend que pour trouver la « vraie vie », il est nécessaire de la « traverser ». L’Être regarde et assume ses tourments profonds en pleine lumière et s’interroge comment faire pour que son corps, son âme et son esprit soit le véhicule de la Volonté suprême elle-même ?
La peur panique de tout Être humain est « la traversée du pont », quitter le passé en mode Saturne, organisé, structuré, sécurisant, confortable, « ce que l’on connaît », le pouvoir de l’attachement même s’il cache « le noyau de la créativité » pour aller au delà, l’avenir (l’a – venir) d’un monde inconnu, effrayant ou excitant selon la nature de l’Être. On peut, en cela, être aidé par l’agent guérisseur du zodiaque : Chiron, l’enseignant qui tient la main mais surtout l’Esprit, nous accompagne pour passer le « pont suspendu aux désirs inconnus mais aussi les craintes insolubles » et permet de faire le lien entre Saturne le visible et Uranus l’invisible !
Les complexes, les compulsions, les obsessions et tout un attelage de « ce qui empêche », les mémoires enkystées, construisent la peur, la colère, la violence ou la rage, véhicules de chocs émotionnels et de séparations déchirantes. C’est l’agressivité, la provocation, la hargne, la combativité qui servent en retour de moteur et de justification face à un fort sentiment d’impuissance et d’injustice sur lequel on n’a pas de prise. Pluton est celui qui nous apprend l’acrobatie dans les jeux du cirque, il fait faire « un bond en avant », la bombe a explosé, il ne reste plus rien qu’un trou béant, il est temps de sauter même si l’on risque le vide, surtout si c’est le vide et sans filet, l’unique possibilité de se « reconstruire ». On passe alors à une étape magique de la compréhension, on voit clair et on vit « une nouvelle naissance » après le descente aux enfers : la petit mort du gouffre plutonien, après avoir lutté contre le syndrome d’abandon, les pertes physiques et morales, après avoir transmuté les limitations personnelles ; on se met alors à « Vivre » !
« Regarder les étoiles et apprécier profondément le « Tout » divinement orchestré et bien ordonné !
OsèÂme
Que cela est bon de se perdre quand on est dans la bonne direction !
L’épopée « magique et troublante » du magnétique Pluton en mouvement rétrograde s’achève. Mais, avec Pluton, peut-on envisager vraiment une fin ?
L’Âme est subtile, insaisissable, ineffable, elle se manifeste dans le visage de la dualité inhérente à ses désirs contradictoires : attraction/répulsion. L’Être s’incarne dans les divers courants qui s’opposent comme la résistance ou le lâcher-prise ; la recherche de sécurité ou l’ouverture vers l’inconnu, la mort ou la renaissance. Cette dualité qui écartèle, exigeante est pourtant le moteur essentiel et nécessaire pour pourvoir à une amélioration et une croissance de l’Être et par la suite de l’humanité. Pluton s’exprime sur la tonalité vibratoire de cette même dualité (n’est-il pas l’agent pour fendre le noyau en 2 ?), il trouve la source de son impulsion et inspiration dans la « Loi de la métamorphose ». Les manifestations sombres et lugubres comme la possessivité, la jalousie, la vengeance, la manipulation, la suspicion ou l’attitude défensive sont issues de sa nature régénératrice comme celles lumineuses de sa fonction plutonienne. Celles-ci se libèrent dans le registre de la renaissance, la capacité de motivation, de s’ouvrir à la vie en laissant tomber les défenses devenues inutiles et la volonté irradiante d’une pulsion profonde majeure de « changer ce qui doit l’être ». Bienvenue dans l’univers plutonien.
« Tout ce qu’il nous faut faire se réduit à mettre de l’ordre à l’intérieur de soi tout continuant à prendre soin de notre expression extérieure »
Eckhart Tolle

Namaste
Source :
Pluton de Jeff Green ; créateur de l’Astrologie Evolutionniste, il a passé 2 années dans un monastère védantique. Il a commencé à donner des conférences sur le paradigme révolutionnaire astrologique en 1977 après avoir eu un rêve en provenance de son maitre spirituel Swami Sri Yukteswar, le guru de Paramahansa Yogananda. Dans ce rêve, le paradigme complet de l’Astrologie Evolutionniste fut révélé à Jeff Green. C’était la première fois dans la longue histoire de l’astrologie qu’une vision spécifique fut accomplie dans laquelle il fut possible d’envisager la progression évolutionniste de l’âme de vie en vie. Sa longue pratique de l’astrologie lui ont fait appréhender le spectre entier de la nature humaine, du plus sombre au plus lumineux.
Cet article est aussi inspiré et soutenu par les connaissances et l’expertise de Luc Bigé et son livre « Planètes rétrogrades, terres intérieures »
(Dr. es Sciences, écrivain, conférencier, fondateur de l’université du symbole).